La filière bovine veut faire capoter le Ceta

Les Echos | 24 février 2017

La filière bovine veut faire capoter le Ceta

par Richard Hiault

Les professionnels de l’élevage bovin comptent sur les parlementaires français pour qu’ils ne ratifient pas l’accord.

Déception et incompréhension. Les éleveurs français de bovins n’ont pas caché leur amertume au lendemain du vote des députés européens en faveur de l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne. Interbev, l’interprofession, a refusé d’en rester là. Le Ceta devra faire l’objet d’un vote par le Parlement français et l’interprofession « demandera aux candidats à l’élection présidentielle de se positionner clairement sur ce point, à l’occasion de leur visite au Salon International de l’agriculture 2017 ».

De nombreuses craintes

Leurs craintes se basent notamment sur une étude réalisée par AgroParisTech, l’Institut de l’élevage et l’Ifip sur l’impact du Ceta pour la filière bovine. L’étude relève, certes, qu’ « il n’y a pas lieu de craindre une arrivée massive de viande bovine sur les marchés européens » dans l’immédiat. Mais les quotas d’exportation totaux de viande bovine octroyés au Canada en franchise de droits de douane dans le Ceta (près de 70.000 tonnes) vont permettre de développer une filière canadienne sans hormones d’ici à sept ans, alerte l’étude, qui pointe que « le différentiel de compétitivité dans les maillons engraissement et surtout abattage-découpe est tel que les contingents ouverts seront pratiquement remplis à coup sûr ».

En Europe, « les opérateurs de l’abattage-découpe sont de taille relativement modeste » et ne peuvent prétendre au titre de « global player ». « Si les groupes Bigard et Vion sont de grands opérateurs européens [respectivement 460.000 et 430.000 tonnes traitées en 2014] , leurs activités internationales restent très en dessous des capacités de groupes comme JBS [près de 8 millions de tonnes par an] , Tyson ou Cargill [4 millions] . »

Alors que la confiance du consommateur est faible, l’importation de viande canadienne risque d’accroître la suspicion. En Europe, les fermes d’élevage contiennent entre une dizaine et une centaine de têtes. Au Canada, les fermes industrielles ont, à 60 %, plus de 10.000 places. Interbev fait aussi remarquer que les boeufs d’élevage français sont nourris à 80 % d’herbe. Au Canada, leur alimentation contient 80 % de maïs OGM. Pour résumer, ce sont deux systèmes de production qui vont s’affronter.

La Commission a expliqué que ses services assureront un « suivi efficace pour vérifier qu’il n’y a pas de distorsion » sur le marché. Et si tel devait être le cas, Bruxelles déclencherait les clauses de sauvegarde contenues dans le Ceta. Pas sûr que cela suffise à calmer les inquiétudes.

source : Les Echos

Printed from: https://www.bilaterals.org/./?la-filiere-bovine-veut-faire