La CEA conseille le respect des droits de l’homme dans les accords de libre-échange

Commission économique pour l’Afrique | 25 mars 2017

La CEA conseille le respect des droits de l’homme dans les accords de libre-échange

Nous devons mettre les gens en avant des agrégats économiques et nous concentrer sur les droits de l’homme, en particulier pour les personnes vulnérables lors de la négociation de la Zone de libre-échange continentale, déclare David Luke, ce samedi lors du lancement du rapport de l’évaluation de l’impact de la Zone de libre-échange continentale africaine sur les droits de l’homme dans la capitale du Sénégal.

S’adressant aux délégués lors des réunion annuelles de la dixième conférence des ministres, Luke, Directeur du Centre africain pour la politique commerciale de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), invite les États africains à examiner attentivement les avantages de toute nature des accords de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) et des conséquences négatives possibles pour leurs populations.

« Nous devons prêter une attention particulière aux détails de la façon dont le commerce s’ouvre dans le cadre de la ZLEC pour garantir le respect des engagements en matière de droits de la personne et nous concentrer sur les personnes qui doivent bénéficier de ce développement que nous reherchons », déclare Luke.

Le rapport d’évaluation d’impact, un effort conjoint entre la CEA, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme et la Friedrich Ebert Stiftung, souligne que les efforts de libéralisation des échanges doivent être équilibrés et profiter à tous.

« Nous devrions nous assurer que les pays les plus pauvres puissent bénéficier du libre-échange. Les inégalités ne concernent pas seulement les personnes vivant dans la pauvreté mais aussi le bien-être de la société », souligne Caroline Dommen, consultante en recherche à la CEA.

Dommen fait remarquer que les gouvernements sont préoccupés par le fait que « le commerce profite souvent aux capitales » et ne laisse ainsi les populations qu’avec peu ou pas de bénéfices tangibles de ces accords commerciaux ouverts. Le rapport recommande que « le commerce complète la capacité de production nationale et bénéficie aux producteurs et aux consommateurs ».

Les accords de libre-échange touchent principalement le droit à l’alimentation, au mouvement, au travail et à un niveau de vie suffisant. Selon la CEA, l’Afrique dépense 64 milliards de dollars par an en importations alimentaires, avec 20% du commerce interafricain issus de l’agriculture. Étant donné que la majeure partie du commerce africain dépende en grande partie du mouvement, tout accord de libre-échange significatif doit faciliter les mouvements transfrontaliers.

Selon un des chercheurs du rapport, Christopher Changwe Nshimbi, Directeur adjoint du Centre pour l’étude de la gouvernance de l’Université de Pretoria (Afrique du Sud), le commerce transfrontalier représente 43% de la population africaine.

La perception dominante du commerce transfrontalier comme un secteur de l’évasion fiscale et illégale dément la compréhension que cette forme de commerce a un impact sur l’économie formelle, dit Nshimbi.

« Le commerce informel de biens et de services est dynamique, diversifié et même transversal dans des secteurs tels que l’agriculture, la fabrication et les services », déclare Nshimbi.

Réaffirmant le point de vue de Luke concernant la transformation de l’économie africaine pour « garantir qu’elle réussisse pour les millions sans emploi », Nshimbi souligne que les commerçants informels constituent 70% de l’économie dans de nombreux pays africains et recommande aux gouvernements d’inclure l’économie informelle dans la création d’emplois.

Faciliter les formalités et les procédures à la frontière est une priorité si l’Afrique veut une zone de libre-échange qui produise des résultats.

Les femmes exercent une part importante du commerce transfrontalier et sont souvent confrontées au harcèlement, au manque de sécurité et ne connaissent pas leurs droits. Les discussions, lors du lancement du rapport mettent en évidence de nombreux obstacles au commerce transfrontalier, par exemple les obstacles posés par les agents de sécurité frontaliers qui, dans de nombreuses circonstances, entravent involontairement le commerce et érodent les bénéfices pour les commerçants. Des procédures compliquées qui défient même l’éducation et le manque d’installations jouent un rôle dans la réduction d’un commerce qui pourrait bénéficier à de nombreuses familles.

Les participants présents au lancement du rapport recommandent que la CEA s’efforce de communiquer efficacement avec les négociateurs de la zone de libre-échange et veille à ce que les droits de l’homme et le libre-échange soient alignés. L’Afrique compte établir sa communauté économique à l’échelle du continent d’ici 2027 et les négociateurs doivent être conscients de la confluence des droits et du libre-échange.

La session conclut qu’outre l’assouplissement des procédures, les négociateurs devraient aborder les droits au mouvement, au travail et à l’alimentation, et comment en conscientiser les gens.

source : Commission économique pour l’Afrique

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