La ministre Freeland veut moderniser l’ALÉNA

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La Presse | 14 août 2017

La ministre Freeland veut moderniser l’ALÉNA

by MÉLANIE MARQUIS (La Presse Canadienne)

Le Canada cherchera à inclure «de solides» clauses sur le travail et l’environnement et défendra tant la gestion de l’offre que le mécanisme de règlement des différends en renégociant l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

C’est entre autres ce qu’a signalé la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, lundi matin, à deux jours du coup d’envoi officiel des pourparlers commerciaux entre les États-Unis, le Canada et le Mexique.

Devant le comité permanent du Commerce international, à Ottawa, elle a signalé que l’ALÉNA, un accord vieux de 23 ans, devait être «plus progressiste», à l’image de l’accord de libre-échange conclu entre le Canada et l’Union européenne.

La modernisation passe par l’ajout de «solides mécanismes» de protection du travail «au coeur même de l’accord» et l’intégration de mesures de protection de l’environnement, a plaidé la ministre Freeland dans une salle de comité bondée du Parlement.

Parmi les autres objectifs progressistes du Canada, qui ont été élaborés à l’issue de plusieurs mois de consultations, figurent l’ajout d’un nouveau chapitre sur les droits en matière d’égalité entre les sexes et sur les Autochtones, a précisé Mme Freeland.

La ministre a voulu se montrer rassurante pour les industries agricole et forestière canadienne, la première redoutant des brèches dans la gestion de l’offre et la seconde étant actuellement en plein conflit commercial.

Elle a signalé que les négociateurs canadiens insisteraient pour le maintien d’un processus afin de s’assurer que les droits antidumping et compensateurs «soient appliqués équitablement» et qu’ils se battraient pour «préserver la gestion de l’offre».

La diplomate en chef du Canada a aussi tenu des propos encourageants pour l’industrie culturelle, soutenant que le Canada comptait conserver «l’exception dans l’accord visant à préserver la culture canadienne».

Le gouvernement de Justin Trudeau espère également simplifier de la circulation des gens d’affaires, et la renégociation de l’ALÉNA représente «une occasion précieuse de leur faciliter la vie», a-t-elle dit.

Avant sa comparution en comité parlementaire, Mme Freeland avait souligné dans un discours livré à l’Université d’Ottawa que les prochains mois donneraient certainement lieu à quelques coups de théâtre, comme c’est le lot de toute négociation commerciale.

Mais ultimement, le jeu en vaut la chandelle, estime cette ancienne journaliste spécialisée en économie.

«Si nous n’agissons pas maintenant, les Canadiens risquent de perdre la foi envers les idées d’une société ouverte, de l’immigration et du libre-échange, tout comme tant d’autres dans le monde industrialisé occidental», a-t-elle fait valoir.

«Voilà le principal défi économique et social auquel nous sommes confrontés. S’attaquer à ce problème constitue la mission primordiale de notre gouvernement», a signalé l’élue torontoise.

La ministre Freeland a ainsi mis la table avant de prendre le chemin de Washington, où se tient entre le 16 et le 20 août la première de sept rondes de négociations de l’ALÉNA, dans l’objectif d’en venir à une entente tripartite modernisée au début de l’année 2018.

Cela fait des mois que le gouvernement de Justin Trudeau prépare le terrain en prévision du début des pourparlers; on a multiplié depuis l’élection du président américain Donald Trump les missions au sud de la frontière pour rencontrer des gouverneurs, des membres du Congrès et des représentants des milieux des affaires.

source : La Presse

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