Avec ce nouvel accord de libre échange, ce sont encore les petits éleveurs français qui vont payer la facture

Huffington Post | 12 octobre 2017

Avec ce nouvel accord de libre échange, ce sont encore les petits éleveurs français qui vont payer la facture

par José Bové

L’accord de libre-échange UE-Canada (CETA) a été imposé aux forceps malgré les manifestations et l’intense débat politique. Pendant ce temps, les négociations avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay) allaient bon train, dans la plus complète opacité, et les éleveurs bovins, une nouvelle fois, paieront l’addition.

Après avoir offert 50.000 tonnes aux USA puis 50.000 tonnes au Canada, l’Union européenne propose d’autoriser 70.000 tonnes de viande bovine à l’importation en Europe, soit l’équivalent d’un quart de la production irlandaise, ou de celle de l’ensemble des éleveurs du Massif Central en France. Ce jeu de Monopoly alimentaire mondial est fou. Il tue l’emploi chez nous et chez les autres, il détruit la vie rurale de nos campagnes, il accélère la déforestation de la forêt amazonienne, il sacrifie notre souveraineté alimentaire.

Hier, la Commission européenne a rendu compte des négociations en cours devant la Commission de l’Agriculture du Parlement européen. Cette réunion se déroulait à huis-clos devant les députés.

Le négociateur en chef a annoncé que le dossier était pratiquement finalisé et qu’il espérait conclure dans quelques semaines, en décembre 2017.

En octobre 2016, l’Union européenne a fait une offre qui permettra, selon elle, de gagner des marchés pour les secteurs européens de l’automobile, de l’équipement, de la chimie et de la pharmacie. Les assurances et les banques seront également bien servies, sans oublier bien entendu les services environnementaux et les grandes entreprises de l’alimentation et de la distribution. Volkswagen, Renault, BNP Paribas, BASF, Lactalis & Co comptent parmi les bénéficiaires. Ces entreprises économiseront au passage 4 milliards d’euros de droit de douanes. Autant d’argent qui ne se retrouvera pas dans le budget de l’état brésilien pour améliorer les services publics mais dans les poches des actionnaires.

Les paysans, et en particulier les éleveurs bovins, vont payer la facture et elle est sacrement salée. J’espère que tous les députés de tous les groupes politiques qui se sont indignés hier se mobiliseront dans leur pays et au Parlement européen pour s’opposer à la ratification, et n’oublieront pas leur colère le jour du vote. Mais dès à présent, je vous encourage à leur envoyer un email de soutien car certains pourraient flancher dans la dernière ligne droite. Les emails sont simples : prenom.nom@ep.europa.eu

Pour moi, cela donne jose.bove@ep.europa.eu, pour les autres consulter la liste des députés français sur: europarl.europa.eu/meps/fr/map.html

Pour lutter contre le populisme, rien ne vaut l’activisme.

source : Huffington Post

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