Au Burkina Faso, le milieu des affaires s’interroge sur la ZLECAf

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RFI | 14 octobre 2019

Au Burkina Faso, le milieu des affaires s’interroge sur la ZLECAf

Par Yaya Boudani

Au Burkina Faso, des opérateurs économiques réunis au sein de l’association Investisseurs sans frontières s’informent sur les enjeux de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), lancée au mois de juin 2019 par les chefs d’État africains.

De nombreux hommes d’affaires émettent des inquiétudes avec ce vaste espace commercial de plus d’un milliard de personnes. Même si ce marché ne sera actif qu’en juillet 2020. Il permettra au Burkina Faso d’augmenter de 12% ses exportations, selon les prévisions, les enjeux et les défis de la ZLECAf étaient donc récemment au cœur de leur rentrée économique.


Commentaire de l’économiste Jacques Berthelot

Cet optimisme n’est guère fondé car le déficit des échanges totaux du Burkina avec l’Afrique a augmenté de 84,7% de 2015 à 2018 (de 379 millions de dollars (M$) à 699 M$), les exportations (X) n’ayant augmenté que de 16,3% quand les importations (M) augmentaient de 50,4%. Par ailleurs les X du Burkina vers l’Afrique représentent un pourcentage décroissant des X vers le monde (de 17,2% à 13,5%) même si le pourcentage des importations d’Afrique est en légère hausse (de 24,7% à 26,6%) bien qu’en baisse depuis 2009 (33,1%). Ce qui clair est que les échanges du Burkina sont concentrés sur l’Afrique de l’Ouest (AO) puisque la part de ses exportations vers l’AO par rapport à ses exportations vers l’Afrique est passée de 76,2% en 2015 à 97,4% en 2018 tandis que la part de ses importations venant d’AO a augmenté de 75,5% à 81,3% mais en fait cette part est restée presque constante autour de 81% depuis 2009.

De même les 16 Etats de l’AO ont tout intérêt à prioriser le commerce régional au mirage d’une intégration continentale prématurée, déjà pour de pures raisons commerciales. Compte tenu des variations interannuelles, il est préférable de comparer les échanges totaux (importations + exportations) sur des périodes de 3 ans et on constate que la part des échanges totaux intra-AO dans les échanges totaux avec l’Afrique est passée de 45,7% en 2010-12 à 64,1% en 2016-18. Cela devrait mettre un terme à la chimère de la ZLECAf. De toute évidence le Burkina comme l’ensemble des pays d’AO ont intérêt à concentrer leurs échanges internes en renforçant l’intégration régionale, ce qui exige aussi que la CEDEAO dénonce les APE intérimaires de Côte d’Ivoire et du Ghana qui sont en train de détruire l’intégration régionale (Lire "Vous avez dit LIBRE échange. L’Accord de partenariat économique Union européenne-Afrique de l’Ouest", L’Harmattan, juin 2018).

source : RFI

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