Chine-Équateur : un accord commercial qui inquiète

Courrier International | 10 mai 2023

Chine-Équateur : un accord commercial qui inquiète

par Emilien Pérez

L’accord commercial entre l’Équateur et la Chine, dont la signature est prévue le 10 mai à l’issue de
plusieurs mois de négociations, soulève de nombreuses interrogations chez les observateurs, préoccupés par
le manque de garanties quant à la protection des droits de l’homme et de l’environnement, alors que
l’influence du pays asiatique en Amérique latine ne cesse de croître.

“La Chine est la principale destination des exportations non pétrolières de l’Équateur”, note le média argentin
Infobae. Selon la Fédération des exportateurs équatoriens, citée par Primicias Ecuador, l’accord pourrait
permettre aux exportations équatoriennes en Chine d’augmenter d’un milliard de dollars au cours des trois
premières années après l’entrée en vigueur de l’accord. En 2022, les exportations de Quito vers le pays
asiatique atteignaient le montant de 5,7 milliards de dollars, contre 6,1 milliards d’importations.

Le texte prévoit la réduction des droits de douane et la levée ou l’assouplissement des restrictions pour 99 %
des exportations actuelles, dont des fruits exotiques comme le pitaya (aussi appelé fruit du dragon, très
populaire en Asie). Il ouvre aussi encore davantage le marché de la crevette, produit phare de l’exportation
équatorienne. Jusqu’en 2014, l’Équateur exportait “60 % de ses crevettes vers l’Europe et les États-Unis”, il vend
aujourd’hui 59 crevettes sur 100 à la Chine, indique la BBC Mundo.

Une croissance logique au vu de l’appétit du géant asiatique pour le crustacé qui préoccupe le média
EcuadorToday, soucieux de l’impact environnemental de la pêche à la crevette ou de la culture de la banane,
“des produits primaires, dont l’exploitation a de graves incidences sur l’environnement et le travail”.

Suspicion

L’accord ne mentionne ni standards environnementaux ni règles en matière de droits de l’homme. Quant aux
hommes d’affaires locaux, souligne El Oriente, ils s’inquiètent essentiellement de “ne pas pouvoir rivaliser”
avec les bas salaires chinois. Par ailleurs, la diplomatie économique menée par la Chine, notamment au travers
de prêts accordés aux gouvernements (contre des garanties pétrolières dans le cas de l’Équateur), laisse la
porte ouverte à une certaine suspicion.

Mais l’attitude jugée hautaine de Washington envers une région longtemps considérée comme son “arrière-
cour” pourrait finir par lui coûter cher, dit l’homme politique péruvien Julio Guzmán au média américain Voice
of America, financé par le gouvernement des États-Unis : “Nous ne pouvons pas contrer l’avancée de la Chine
sans relever que le monde occidental doit changer d’attitude vis-à-vis de l’Amérique latine, réévaluer et
repenser l’importance de celle-ci, non seulement pour l’Occident mais aussi au niveau mondial.”

source : Courrier International

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