UE-ACP : partenariat économique et néocolonialisme

Le Pays (Ouagadougou) | mardi 5 septembre 2006

UE - ACP : partenariat économique et néocolonialisme

L’Union européenne (UE) est en train de négocier des accords commerciaux avec 77 pays pauvres, et donc faibles, d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Ces pays ACP sont divisés en six groupes, ceux de la CEDEAO (15 pays de l’Afrique occidentale parmi lesquels le Burkina). Les accords commerciaux s’appellent APE : Accord de partenariat économique.

Le régime commercial actuel doit changer car depuis quarante ans il a échoué dans sa mission d’assurer le développement des pays ACP. Il faut mettre fin au cercle vicieux perpétuant l’appauvrissement de la masse. Le développement ne peut pas se réduire à celui du libre échange qui, justement, est le chemin d’un sous-développement de plus en plus accentué des pays pauvres.

Pour les pays ACP, le libre échange signifie :

  1. un choc budgétaire car les recettes de douanes disparaissent ;
  2. un choc de balance de paiement : moins d’argent pour les services sociaux et pour les salaires ;
  3. un choc industriel : les petites industries nationales sont écrasées par les produits des grandes industries internationales ;
  4. un choc agricole : l’impossibilité pour les paysans de vendre leurs produits à cause de produits importés, souvent subventionnés, et à cause d’une concurrence par l’agro-industrie, donc l’appauvrissement de nos paysans.

L’objet central déclaré de l’accord de partenariat économique (APE) est la réduction et, à terme, l’éradication de la pauvreté, mais en réalité l’Europe cherche à imposer le libre échange avec les pays ACP, de sorte que l’Europe puisse écouler tous ses produits et s’enrichir sur le dos des pays pauvres, ce qui est une forme de néocolonialisme. Pour y arriver, l’UE emploie le principe "aide contre commerce." Si on n’accepte pas le commerce comme l’UE le veut, pas d’aide.

En quoi l’APE aide-t-il l’Afrique subsaharienne à atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement adoptés en 2000 par l’ONU ? En rien !

En février 2006, l’Afrique du Sud, un pays émergent qui n’est pas concerné par l’APE, s’est associée à ses voisins et, avec eux, a proposé un régime commercial. L’UE était embarrassée : les propositions doivent uniquement venir de l’UE, pas des pays pauvres.

Le partenariat dans l’APE n’est qu’un mot pour camoufler la volonté de l’UE.

L’UE essaie de se réfugier derrière les règles de l’OMC (l’Organisation mondiale du commerce), mais faut-il respecter ces règles si elles conduisent soixante-dix-sept pays dans une pauvreté encore plus grande ? La majeure partie des habitants de ces pays vivront, dans quelques années, avec moins d’un dollar par an. Est-ce que l’UE peut vraiment prendre la responsabilité de conduire l’Afrique vers un plus grand chaos sous le couvert des conventions internationales imposées par elle et pour son seul profit ?

Souvent, les Africains ne sont pas d’accord avec les Européens mais n’osent rien dire car se sentant toujours inférieurs, surtout techniquement, et davantage, financièrement. Ils ont besoin d’aide. Ils ont peur que le FED (Fonds européen de développement) ne les aide pas. Surtout l’aide budgétaire est extrêmement importante pour les gouvernements. Sans ces aides, ils ne pourraient plus payer les salaires des fonctionnaires et des militaires, et ils savent que cela leur causerait de vrais problèmes. Dans les pays pauvres, peu de gens pensent que ça va bien. Ils sont mécontents, mais la peur les contraint à se tenir tranquilles. Sans salaire, cette peur s’efface et les populations cèdent à la révolte.

En plus, c’est grâce à l’aide extérieure qu’une grande partie des riches s’engraisse ; pensez seulement aux marchés publics.

L’UE veut réaliser l’APE le plus rapidement possible, de sorte que la CEDEAO s’engage dans la voie du libre échange. Il devient clair que ce chemin est une erreur politique majeure car les Africains vont nouer d’autres alliances. Déjà, plusieurs fois, de grandes puissances : l’Inde, la Chine, le Brésil, l’Argentine, etc. ont soutenu les pays ACP.

Pour le Burkina, le moment est venu de pousser à des modifications de l’APE pour le bien des paysans.

N’oublions pas que si plus de 80% de la population est paysanne, tout progrès matériel du paysannat se traduira par un progrès financier de tous les Burkinabè.

Aidons nos paysans à progresser et nous progresserons tous ensemble :

Consommons burkinabè !

Bonne nouvelle : Jean Frédéric Kaboré a été radié de l’Ordre des avocats pour non- présentation des sommes d’argent revenant, normalement, à ses clients.

NB : La source de cet article est un résumé des rapports d’une commission française des députés. Le mot néocolonialisme est tiré de ce rapport.

F. Balemans B.P. 332 Koudougou

Le Pays

source : lefaso.net

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