Accords de partenariat économique : Rejet des syndicats sénégalais

Le Quotidien (Dakar) | le 7 mai 2007

POSITION - Accords de partenariat économique : Rejet des syndicats sénégalais

Soucieux de ne pas répéter les erreurs commises avec les accords économiques précédents qui ont lié l’Union européenne aux pays Acp (Afrique, Caraïbes et Pacifiques), le comité syndical sénégalais sur l’accord de Cotonou (Css/Ac) a tenu, en collaboration avec la fondation Friedrich Ebert, à tirer la sonnette d’alarme sur les dangers qui guettent les pays en développement en cas de signature des accord de partenariat économique (Ape) qui sont en cours de négociation.

«Les Accords de partenariat économiques, une source d’accentuation de la pauvreté et de destruction du tissu socio-économique de nos pays», ce thème de la campagne internationale de sensibilisation sur les accords de partenariat économique (Ape) entre l’Union européenne et les pays Acp, les syndicalistes membres de la Csa et de l’Unsas, s’en sont saisis pour, en partenariat avec la fondation Friedrich Ebert, mettre la pression sur les Etats africains en général et celui du Sénégal en particulier, pour qu’ils ne signent pas avec les Européens, les termes qui doivent régir l’ouverture des marchés dès janvier 2008 prochain.

En effet, «l’Afrique n’est pas prête à faire face à la concurrence qui naîtra de cette ouverture des marchés et les Accords de partenariat économique, sous leur forme actuelle, doivent être améliorés ou même rejetés», pense Elimane Diouf, président de la Css/Ac.

Pour ces accords entre l’Union européenne et les pays de l’Acp, «des réunions de finalisation se sont tenues à Accra au Ghana, pour la Cedeao plus la Mauritanie, et à Maputo ou Nairobi au Kenya, pour l’Afrique australe», a indiqué M. Diouf. Il en est ressorti qu’il est urgent d’intervenir «auprès des pouvoirs publics dans les pays membres de la Cedeao pour que les Ape ne soient pas conclus à cette occasion et que les négociations se poursuivent au-delà du 31 décembre 2007», réclame le président de la Css/Ac. En fait, les inquiétudes des syndicalistes tiennent surtout aux propositions faites par les Européens.

Lesquelles propositions «risquent de maintenir, voir d’aggraver la pauvreté dans ces pays, de conduire à la faillite d’un certain nombre d’industries naissantes et d’empêcher les pays Acp de déterminer leurs priorités en matière de politiques commerciales et d’investissement». Alors, plutôt que de continuer à mettre la pression sur les pays Acp pour qu’ils signent des accords de libre-échange, «l’Europe doit proposer des accords justes, véritables outils de développement», s’insurge encore M.Diouf.

Seulement, cette agitation des syndicalistes autour de ces accords économiques s’explique par le fait que ceux précédemment signés à Lomé, au Togo, «sont à la base de notre retard économique sans précédent par rapport au reste du monde», considère M. Diouf. Puisque les politiques d’ajustements structurels et la dévaluation du franc Cfa en 1994, qu’il considère comme issus directement des accords de Lomé, «font partie intégrante des obstacles actuels au développement en Afrique». De ce fait, une campagne internationale de sensibilisation par rapport aux Ape « est en train d’être menée, pour dire non aux accords de Cotonou», assure M. Diouf.

A cet effet, le comité syndical sénégalais sur l’Accord de Cotonou, regroupant toutes les centrales syndicales du Sénégal, a adressé «un courrier aux autorités du Sénégal et à l’Ambassadrice d’Allemagne au Sénégal, pour leur faire part des préoccupations et recommandations du monde du travail et au-delà, des populations, pour réorienter les négociations des Ape», renseigne Elimane Diouf.

Dans ces correspondances, le Css/Ac «exige» de Madame Angela Merkel, Présidente en titre de l’Union européenne, et par ailleurs, Chancelière de l’Allemagne, «d’insuffler la volonté politique nécessaire à un changement de cap dans les négociations», renseigne encore le dirigeant de la Csa.

Au gouvernement du Sénégal, le Css/Ac «exige une meilleure implication des Syndicats dans la préparation de ces négociations et dans l’élaboration du Programme indicatif national (Pin), et le rejet de ces accords dans leurs forme actuelle, et de poursuivre les négociations au-delà de 2007, comme le réclament tous les acteurs non Etatiques».

Outre ces courriers, le comité a entrepris d’informer «l’opinion nationale et internationale», qu’il est en phase de finalisation de son plan d’action pour l’année 2007, dans lequel une large sensibilisation des travailleurs est prévue ainsi que la vulgarisation du plaidoyer sur l’Accord de Cotonou et les Ape.

Aly FALL

source : Le Quotidien

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