APE - les experts africains se cherchent encore

Afrique: APE - les experts africains se cherchent encore

Fraternité (Cotonou)

19 Juillet 2007

Hippolyte A. Djiwan

La réunion ministérielle d’Accra n’a pas été le rendez-vous du non. Mais le « oui aux Ape » n’est pas non plus à l’ordre du jour. D’ici l’échéance de décembre, les experts vont encore essayer d’y voir plus clair. De quoi décevoir une société qui se bat pour un « non » immédiat aux Ape.

Signera, signera pas... Nul ne sait encore ce qui se passera le 31 décembre 2007, quand arrivera l’échéance pour la signature des Accords de partenariat économiques (Ape). Au sortir de la réunion du Comité ministériel de suivi des négociations, tenue à Accra du 12 au 16 juillet, la société civile africaine qui s’est mobilisée dans une campagne de dénonciation de ces accords n’a aucune visibilité sur les positions officielles. « Il n’y a pas eu de décision ou d’orientation politique claire sur la décision à prendre », déclaraient mardi des responsables de ces organisations.

Derrière ce flou se cacheraient des divergences de position quant à l’issue finale des négociations. Mais avec au moins une certitude : la date de décembre pour la signature des Ape n’est pas réaliste « eu égard aux tâches que le secrétariat (Uemoa et Cedeao) doit remplir », a souligné Mme Bibiane Mbaye d’Enda Tiers-monde, au cours d’un point de presse tenu mardi. En attendant, « la solution trouvée par les ministres est l’instruction des deux commissions en vue de continuer de travailler d’arrache pied. Elles doivent évaluer l’état des préparatifs des négociations de la région (ouest-africaine), soumettre les progrès et les options possibles pour permettre aux ministres de pouvoir prendre une décision », a fait savoir Mme Mbaye au cours d’un entretien.

Il reste qu’au sein des organisations de la société civile, on estime devoir discuter des mesures transitoires, avec la dérogation de l’Omc qui expire en 2007. Et c’est sous cette menace que l’Union monétaire ouest africaine et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest travaillent. Mais, pour Mme Mbaye, il s’agit de « menaces artificielles ». Car un « parapluie » existe. « Treize pays sur seize (d’Afrique de l’Ouest) font partie des Pma. En cas de non conclusion de l’accord, ils pourront continuer de bénéficier du principe « tous sauf les armes ». Le hic c’est que le Nigeria, le Ghana et la Côte d’Ivoire n’entrent pas dans cette catégorie. Mais pour Mme Mbaye, « ils peuvent bénéficier du Système généralisé de préférence plus qui leur permettrait de négocier en toute sérénité », répond Mme MBaye.

La réunion d’Accra n’a pas abouti à des décisions tranchées, mais elle a permis aux représentants de certains gouvernements de comprendre que les pays Acp, notamment ceux d’Afrique de l’ouest, ne sont pas assez outillés pour « aller aux Ape ». Et certains ministres ne manquent pas de tirer la sonnette d’alarme. Selon une source proche du Cms, le ministre ghanéen du Commerce aurait ainsi demandé à ses pairs de « cesser de danser le salsa avec la vie du peuple. Il a été soutenu par certains de ses pairs qui estiment qu’il faut faire face à la réalité selon laquelle nos pays ne sont pas prêts pour signer les Ape ».

Parmi les Etats qui freinent des quatre fers figurent aussi le Bénin, dont le ministre du Budget, Albert Houngbo, reconnaît que « les discussions avec l’Union européenne sont difficiles parce que les pays africains ne sont pas tous prêts à signer ». Et il note que si parmi les pays Acp « il y en a qui sont prêts à signer, en Afrique de l’ouest, la tendance est d’avoir une position commune pour aller à ses accords ».

Mais dans les couloirs de la conférence d’Accra, il ne manquait pas d’appels pour aller vers une entente avec l’Union européenne. Président de l’Association de développement des exportations du Bénin (Adex), Henri Claude Gouton soutient que « les Africains n’ont rien d’autre à faire que de signer. L’économie africaine a besoin d’une locomotive. Les Européens sont les seuls qui essayent de nous accompagner sur toute la ligne. Quel pays peut de passer des aides budgétaires ? Les liens sont beaucoup plus sérieux qu’on ne le pense... » Et d’ajouter : « La société civile aurait dû se réveiller depuis 2000 ou 2001 et pousser les gouvernements de leur pays à s’arrimer à la locomotive. Elle s’est réveillée très tard et c’est dommage », regrette-t-il.

source : AllAfrica.com

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