Cameroun et l’Afrique Centrale: Vont-ils signer un accord qui ne tienne pas compte de la compétitivité de leur économie pour l’avenir?

Cameroon-Tribune, 11 juillet 2007

Cameroun et l’Afrique Centrale: Vont-ils signer un accord qui ne tienne pas compte de la compétitivité de leur économie pour l’avenir?

Par Jeanine FANKAM
Texte adapté pour le Web par Benjamin BIOULE (ASSIFE.COM)

Depuis hier à Yaoundé, les experts de l’Afrique centrale et ceux de l’Union européenne discutent en prélude à la réunion ministérielle qui s’ouvre lundi dans la capitale camerounaise.

On a noté l’anxiété sur le visage des experts hier, au cours de la rencontre qui réunit à Yaoundé l’Union européenne et l’Afrique centrale dans le cadre des négociations de l’Accord de partenariat économique (APE). Certains confient qu’à Yaoundé, la question du renforcement des capacités des industries régionales et leur mise à niveau reviendra sur la table. Car à Sao Tomé et Principe, les parties n’ont pas harmonisé leurs positions.

Cette question est le point névralgique des négociations.

Chaque partie défend ses intérêts.

L’enjeu se pose en termes d’interrogations pour la partie africaine. Le Cameroun et l’Afrique centrale vont-ils signer un accord qui ne tienne pas compte de la compétitivité de leur économie pour l’avenir ? Martin Abega, secrétaire exécutif du GICAM qui participe à la négociation, fait remarquer que la balance commerciale indique aujourd’hui que l’Union européenne exporte vers l’Afrique centrale à hauteur de 60% contre 2% d’exportation de l’Afrique centrale vers l’UE. Alors, il s’interroge : qu’en sera-t-il demain quand les frontières s’ouvriront ? Ce qui est grave, c’est que les règles concurrentielles sont élevées pour les produits locaux, qui pour bien des cas, ne respectent même pas les normes. Il faut donc que le facteur développement soit pris en compte, que les entreprises soient consolidées pour mieux créer les richesses, offrir des emplois et générer les ressources.

Le rapport de force entre l’UE et l’Afrique centrale est comparable à celui qui existe entre un éléphant et un cabri par exemple. Claude Maerten du groupe de l’UE reconnaît cette inégalité de forces. Il reconnaît aussi que l’enjeu est le développement de l’Afrique centrale. Mais, le débat achoppe sur la manière d’y parvenir et surtout comment rendre les services et produits africains compétitifs sur le marché européen. C’est à l’Afrique centrale de définir ses priorités, lance Claude Maerten. Ces priorités ne sont pas prises en compte, soutiennent quelques membres de la partie Afrique centrale. D’ailleurs, ils soupçonnent la partie d’en face de vouloir faire du chantage sur l’accès au marché européen de certains produits spécifiques comme la banane au cas où l’accord n’était pas signé. " Il n’y a pas de chantage ", réplique le directeur général pour le commerce de la Commission européenne. L’Union européenne pense que les préférences qui existent depuis 1975 avec les conventions de Lomé et L’Accord de Cotonou doivent être maintenues et épongées. Pour y arriver, il faut conclure un APE qui nous permette de rendre compatible le régime commercial sur les marchandises avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce, argumente-t-il.

Martin Abega saisit l’argument au rebond : "Cet Accord de Cotonou doit être respecté, surtout les articles 37.3 et 37.4. C’est-à-dire que les deux parties doivent parvenir à une entente sur la manière par laquelle la sous région d’Afrique centrale ne doit pas devenir un comptoir commercial pour l’Europe. Claude Maerten envisage la possibilité pour l’UE de protéger certains secteurs commerciaux. Mais, Martin Abega et ses collègues pensent qu’il faut fortifier l’économie dans son ensemble et ne pas utiliser seulement le commerce comme outils de développement.

Le débat est houleux. On est bien dans une négociation où chaque partie doit se battre pour faire triompher ses arguments. Et la partie africaine, est consciente que c’est l’avenir de tout un continent qui se joue.

source : ASSIFE

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