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Rabat veut prendre son temps pour conclure avec Ottawa un accord de libre-échange

John Baird et Saad-Eddine El Othmani.

Maghreb Emergent | Jeudi, 24 Janvier 2013

Rabat veut prendre son temps pour conclure avec Ottawa un accord de libre-échange

Écrit par Boualem Alami

Cet accord de libre-échange (ALE) devait être signé fin 2012. Probablement sous la pression de la société civile et de certains économistes critiques, les autorités marocaines ont décidé de suspendre sa signature. Selon le ministre de l’Industrie et du Commerce, Abdelkader Amara, elles veulent d’abord faire le bilan d’ALE similaires signés par le Maroc ces dernières années: l’accord avec les Etats-Unis, l’accord d’Agadir (Egypte, Maroc, Tunisie et Jordanie) et celui créant la Zone arabe de libre-échange (ZALE).

Prévu fin 2012 après plus d’une année de discussions, l’accord de libre-échange (ALE) entre le Maroc et le Canada a été mis en ’’stand by’’, rapporte le nouvel hebdomadaire marocain Eco Plus, édité par le groupe Maroc Soir.

Citant des sources proches du dossier, Eco Plus relève que les autorités marocaines n’avaient pas évalué à sa juste mesure l’impact de cet accord sur l’économie locale. Le ministre marocain de l’Industrie et du Commerce, Abdelkader Amara, négociateur en chef avec les Canadiens, a précisé, selon l’hebdomadaire, que l’accord avait été suspendu "le temps d’évaluer les différents ALE signés par le Maroc".

Des économistes marocains relèvent que le Maroc n’est pas encore préparé pour ’’absorber’’ un ’’énième’’ accord de libre-échange et qu’il ne dispose pas d’étude sur l’impact que celui-ci aurait sur son économie. Les Canadiens, par contre, ont mené des consultations publiques avec les provinces et les territoires, les entreprises, les organisations non gouvernementales et les citoyens pour s’engager à signer un tel accord avec les autorités marocaines.

Seul ’’hic’’ à un ciel dégagé pour la ratification de cet accord commercial entre les deux pays, Rabat était pour une "liste positive" des produits assortie d’une clause de rendez-vous alors que le Canada proposait que tous les produits soient soumis, dès l’entrée en vigueur de l’accord, à un démantèlement tarifaire progressif prenant en compte une libéralisation à terme.

Des ALE "signés à la hâte", estime la gauche marocaine

Le Maroc mène, depuis le début des années 2000, une politique commerciale très agressive, avec la signature de pas moins de trois grands accords de libre-échange, dans la foulée de l’accord d’association avec l’Union européenne (UE). Entre 2004 et 2007, il en a signé un avec les Etats-Unis et mis en place l’accord d’Agadir (Egypte, Maroc, Tunisie et Jordanie) ainsi que celui créant la Zone arabe de libre-échange (ZALE).

Des militants de la société civile marocaine décrient cette propension des autorités politiques à signer "à la hâte" des accords commerciaux qui, par la suite, s’avèrent désastreux pour l’économie locale. Cela s’est vérifié, estiment-t-il, avec l’ALE signé avec les Etats-Unis. L’accord, dont les négociations avaient duré près de 13 mois, a levé pratiquement toutes les barrières douanières devant les produits américains mais a introduit pour les industriels marocains certaines restrictions, notamment dans le domaine de la production des génériques et des textiles.

L’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) et des partis de la gauche radicale avaient dénoncé cet accord, jugeant qu’il hypothèque l’avenir économique du pays en ouvrant le marché local aux produits américains, plus compétitifs que les produits marocains.


 source: Maghreb Emergent