Un accord commercial bilatéral entre l’Australie et la Chine (ChAFTA) a été finalisé en 2015.
Cet accord est controversé en Australie car il augmente, dans une large mesure, le nombre de travailleurs temporaires chinois dans beaucoup de secteurs, sans obligation préalable d’examen de la disponibilité des travailleurs locaux. Certaines clauses accordent aussi aux compagnies chinoises, dont les projets dépassent 150 millions de dollars australiens, le droit de négocier le nombre de travailleurs étrangers qu’elles veulent employer, ainsi que leurs salaires et leurs conditions de travail. Il s’agit du premier accord commercial australien qui autorise l’importation de la majorité de la main d’œuvre. Il n’est encore pas garanti que les changements récents de la loi sur la migration en Australie suffiront à assurer que ces travailleurs ne soient pas exploités.
En Australie, de nombreuses études ont déjà démontré que les travailleurs temporaires issus de l’immigration risquent d’être exploités sur leur lieu de travail. Ils travaillent de longues heures, dans des conditions dangereuses, touchant un salaire en-dessous du revenu minimum. Sans protection plus conséquente, l’augmentation des travailleurs temporaires, négociée à travers des accords commerciaux, pourrait engendrer plus de cas d’exploitation.
Par ailleurs, le traité ouvrira la porte à davantage d’investissements chinois dans le secteur agricole australien, un autre aspect significatif du ChAFTA. La Chine tente actuellement de sécuriser ses filières alimentaires en investissant dans l’agro-business à l’étranger, soit en achetant directement des fermes, ou bien en s’engageant dans les chaines d’approvisionnement. L’Australie est pour la Chine une importante source de viande et, dans une moindre mesure, de produits laitiers. Par conséquent, le secteur du bétail australien devrait bénéficier d’une augmentation de contrats chinois, du fait du ChAFTA.
L’accord inclut aussi le controversé mécanisme de règlement des différends investisseur-Etat (ISDS, selon son sigle anglais), qui permet aux investisseurs étrangers de contourner les tribunaux nationaux et d’attaquer les gouvernements devant un centre d’arbitrage. Ils peuvent ainsi réclamer une compensation s’ils estiment qu’un changement de loi ou règlement porte atteinte à leur investissement. Cela accorde aux multinationales des pouvoirs élargis, aux dépens de la démocratie et de l’intérêt public.
Contribution d’AFTINET
dernière mise à jour : mars 2016
Photo : PughPugh/CC BY 2.0