ACP-UE: les acteurs non-Etatiques décrient le libre-échange
L’Essor, Bamako, n°15436 du 2005-04-19
ACP-UE : les acteurs non- Etatiques décrient le libre-échange
S. Doumbia
En marge de la 9è session de l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE, les acteurs non-Étatiques ont présenté hier aux journalistes à la Maison de la presse, une "déclaration de Bamako" dans laquelle ils exigent que les Accords de partenariat économique soient orientés vers un développement des marchés intérieurs.
Ils ont préconisé "des accords de partenariat, d’échange", critiquant les "accords de libre échange" que les APE instaureront, selon eux.
Ainsi, appellent-ils les pays ACP à ne pas signer les APE en l’état. Ces pays devront, estiment les acteurs non-Etatiques, demander une plus grande ouverture des marchés européens et le maintien de la non réciprocité dans les échanges. Ils revendiquent, par la même occasion, le droit de prendre part à toutes les étapes des négociations concernant l’accord de Cotonou.
Dans leur "déclaration de Bamako", les acteurs non-Etatiques soulignent la nécessité d’installer des mécanismes de communication permanents entre les acteurs de la société civile, les ordonnateurs nationaux, les délégations de l’UE dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques économiques et sociales concernant l’accord de Cotonou. Le rôle de l’État doit, estiment-ils, être renforcé dans l’économie pour stopper les privatisations.
Les acteurs de la société civile exigent également l’arrêt pur et simple du soutien direct et indirect à l’exportation, apporté par l’Union européenne à ses agriculteurs. Ce soutien, relèvent-ils, est contraire aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le renforcement des parlements des pays ACP pour leur permettre de contrôler le contenu des accords et l’arrêt de l’introduction des OGM dans l’agriculture des pays ACP, ont aussi été préconisés par la société civile.
La conférence de presse était animée par Souleymane Tiémoko Sangaré, le coordinateur du comité de pilotage. Il était assisté de Mahamane Nouri, président du comité de coordination des organisations de la société civile du Niger, Françoise Gérard, membre de l’association pour la taxation des transactions pour l’aide aux citoyens du Burkina Faso, Pascal Erard du Comité français pour la solidarité internationale et Mme Barry Aminata Touré, présidente de la Coalition des alternatives africaines dette et développement.
Souleymane Tiémoko Sangaré est persuadé que les critiques formulées par les acteurs non-Etatiques ne tomberont pas dans l’oreille de sourds et qu’elles aboutiront "à quelque chose de positif" car les parlementaires européens et africains sont au courant de cette démarche.
Créé en 2002, le comité de pilotage des acteurs non-Etatiques est une émanation des organisations de la société civile.