Révision de l’accord d’association avec l’UE : l’Algérie passe à l’action
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ObservAlgérie | 15 janvier 2024
Révision de l’accord d’association avec l’UE : l’Algérie passe à l’action
La révision de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne (UE) entre dans une phase décisive. Le président Abdelmadjid Tebboune a présidé une réunion stratégique dédiée à l’examen de l’état d’avancement des préparatifs en vue de renégocier cet accord, en vigueur depuis 2005.
Signé en 2002 et appliqué depuis 2005, l’accord d’association Algérie-UE avait pour objectif de faciliter les échanges commerciaux et d’ouvrir des perspectives d’investissements européens en Algérie. En contrepartie, le pays bénéficiait d’un accès privilégié au marché européen.
Cependant, après près de deux décennies d’application, les autorités algériennes estiment que cet accord n’a pas produit les effets escomptés. La balance commerciale est largement déséquilibrée au profit de l’Europe, les exportations algériennes hors hydrocarbures restent faibles, et les investissements européens directs se sont faits rares.
La révision vise donc à adapter les termes de l’accord aux réalités économiques actuelles et à protéger les secteurs stratégiques de l’économie algérienne face à une concurrence étrangère jugée parfois trop agressive.
Les points-clés des négociations
L’un des principaux axes de cette révision concerne les règles tarifaires appliquées aux importations européennes. L’Algérie souhaite renégocier les droits de douane pour protéger ses industries locales et éviter une dépendance excessive vis-à-vis des produits européens.
Un autre point important concerne la diversification des échanges. Actuellement, les exportations algériennes vers l’Europe sont presque exclusivement dominées par le secteur des hydrocarbures. L’objectif est de promouvoir les exportations non pétrolières, notamment dans les domaines de l’agroalimentaire, des produits pharmaceutiques, et des services.
Le gouvernement algérien souhaite également revoir les conditions d’accès des entreprises européennes au marché algérien afin de favoriser davantage de transferts de technologies et d’investissements productifs. Jusqu’à présent, les retombées économiques concrètes en matière d’investissements directs étrangers (IDE) ont été jugées insuffisantes.
Quels sont les secteurs concernés ?
La révision de l’accord d’association pourrait avoir un impact direct sur plusieurs secteurs économiques stratégiques :
- Industrie automobile : l’Algérie veut encourager l’installation de chaînes de production locales plutôt que de rester un simple marché d’importation.
- Agroalimentaire : ce secteur est considéré comme prioritaire pour réduire la dépendance aux importations alimentaires.
- Énergies renouvelables : l’Algérie cherche à diversifier ses exportations énergétiques en développant l’énergie solaire et éolienne, notamment pour les marchés européens.
En parallèle, le pays veut obtenir un meilleur accès aux marchés européens pour ses produits agricoles et ses industries légères, tout en limitant la concurrence sur des produits sensibles.
L’approche algérienne face aux partenaires européens
L’approche algérienne dans ces négociations se veut pragmatique et ferme. Le président Tebboune a déjà déclaré que l’Algérie ne saurait accepter des accords commerciaux déséquilibrés qui nuisent à ses intérêts économiques.
Le gouvernement algérien est particulièrement attentif à la souveraineté économique du pays. L’idée est de garantir que les politiques industrielles et commerciales nationales ne soient pas entravées par les termes de l’accord avec l’UE.
Par ailleurs, le contexte géopolitique actuel, marqué par des tensions entre plusieurs grandes puissances, pourrait jouer en faveur de l’Algérie. Le pays pourrait chercher à diversifier ses partenaires commerciaux tout en consolidant ses relations avec l’Union européenne, son principal partenaire économique.
Les prochaines étapes de la révision
Le processus de révision de l’accord d’association sera long et complexe. Les discussions porteront sur plusieurs volets, notamment :
- Les barrières douanières
- Les normes sanitaires et phytosanitaires
- Les règles de concurrence
- Les secteurs protégés
Les négociations devraient également inclure des aspects liés à la mobilité des personnes et à la coopération sécuritaire, deux sujets d’intérêt majeur pour l’Europe.
Pour l’Algérie, l’enjeu est de parvenir à un accord plus équilibré qui réponde à ses besoins de développement économique tout en préservant sa souveraineté commerciale et industrielle. La révision de l’accord d’association Algérie-UE marque une étape cruciale dans les relations économiques entre les deux parties. Pour l’Algérie, il ne s’agit plus seulement de respecter les engagements pris en 2002, mais bien de redéfinir les termes d’un partenariat durable qui profite aux deux parties de manière équitable. Les négociations qui s’ouvrent s’annoncent techniques et déterminantes pour l’avenir économique du pays.