Ce que contient l’accord commercial signé entre l’UE et la Nouvelle-Zélande
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L’Express | 9 juillet 2023
Ce que contient l’accord commercial signé entre l’UE et la Nouvelle-Zélande
Par E.R. avec AFP
L’Union européenne et la Nouvelle-Zélande ont signé, ce dimanche 9 juillet, un accord de libre-échange qui devrait entraîner une hausse de 30 % leur commerce bilatéral d’ici une décennie. Commentant cet accord conclu en juin 2022 après quatre ans d’âpres négociations, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a salué un texte "ambitieux" et "très équilibré".
"La Nouvelle-Zélande est un partenaire clef pour nous dans la région Indo-Pacifique, et cet accord de libre-échange nous rapprochera encore un peu plus", a-t-elle ajouté lors d’une déclaration depuis Bruxelles. Le Premier ministre néo-zélandais Chris Hipkins a loué un texte qui représente "d’énormes avantages" pour les deux partenaires.
L’Union européenne est le troisième partenaire commercial de la Nouvelle-Zélande, qui exporte notamment du vin, des fruits et de la viande vers l’Europe. Le commerce bilatéral de biens entre les deux zones a représenté un peu plus de 9 milliards d’euros en 2022. Selon Bruxelles, les exportations de l’UE vers l’archipel du Pacifique pourraient augmenter jusqu’à atteindre le montant de 4,5 milliards d’euros par an. Les investissements européens en Nouvelle-Zélande pourraient aussi connaître une progression de jusqu’à 80 %. De plus, "l’accord peut réduire de quelque 140 millions d’euros par an les droits de douane pour les entreprises de l’Union dès la première année d’application", précise le site de la Commission européenne.
Un volet vert
Le texte contient par ailleurs un chapitre dédié au "développement durable", inédit dans un accord commercial européen. Il permet notamment aux parties "d’appliquer des sanctions en dernier recours en cas de violation grave des principes fondamentaux du travail ou de l’accord de Paris". "Pour la toute première fois dans le cadre d’un accord commercial de l’Union, l’accord UE - Nouvelle-Zélande comporte un chapitre consacré aux systèmes alimentaires durables, un article sur le commerce et l’égalité entre les hommes et les femmes, de même qu’une disposition spécifique concernant le commerce et la réforme des subventions en faveur des combustibles fossiles", énumère la Commission européenne, promettant aussi que ce dernier "libéralisera les échanges de biens et services environnementaux dès son entrée en vigueur".
L’ouverture du commerce est l’un des quatre piliers du plan industriel du pacte vert pour l’Europe annoncé par la présidente de la Commission le 1er février dernier. "Avec des engagements sociaux et climatiques sans précédent, cet accord favorise une croissance juste et verte tout en renforçant la sécurité économique de l’Europe", a estimé Ursula von der Leyen ce dimanche. Pour entrer en vigueur, il devra encore recevoir l’approbation du Parlement européen - qui devrait l’examiner d’ici la fin de l’année 2023 - et être ratifié par la Nouvelle-Zélande.
Concurrence déloyale ?
Plusieurs fédérations d’éleveurs françaises, comme la Fédération nationale ovine reprochent néanmoins à Bruxelles de ne pas avoir obtenu de la Nouvelle-Zélande la prohibition de certains pesticides dans leurs prairies d’élevages, alors qu’ils sont interdits en Europe. Elles s’inquiètent ainsi d’une concurrence déloyale si la viande importée de Nouvelle-Zélande s’avère moins chère que celle produite en France en raison de normes sociales et environnementales moins exigeantes.
Dans les pages du Monde datant du 1er juillet, le ministre français du commerce extérieur, Franck Riester, a réagi avec prudence. Il a promis d’examiner l’accord avant sa présentation au Conseil de l’UE "de manière à vérifier que nos intérêts ont bien été pris en compte ", tout en saluant "l’inclusion de l’accord de Paris comme élément essentiel" et l’existence de "protections pour nos filières agricoles sensibles" dans le texte.