Des pressions de toutes parts sur l’accord avec le Mercosur
La France Agricole | 9 septembre 2024
Des pressions de toutes parts sur l’accord avec le Mercosur
Par Benoît Devault
Il a filtré peu d’informations de la rencontre entre les négociateurs de la Commission européenne et de leurs homologues du Mercosur à Brasília (Brésil) du 5 au 6 septembre 2024. Mais sa tenue a ravivé les flammes de ses opposants. FNSEA et JA ont rappelé dans un communiqué daté du 6 septembre, les manifestations agricoles du début de l’année en appelant à un « non à la reprise des discussions sur le Mercosur, sans que ces dernières ne prennent en compte les critiques soulevées lors des mobilisations ».
L’interprofession de la viande Interbev avait, quant à elle, dégainé trois jours plus tôt pour exhorter la Commission à « entendre le message clair et sans équivoque porté par la France et les agriculteurs européens ». L’organisation rappelle aussi au président de la République Emmanuel Macron, sa prise de position contre l’accord en février 2024. « Un tel accord, c’est aussi risquer de déstabiliser une part considérable de notre économie, de compromettre notre souveraineté alimentaire et de mettre en péril la santé de nos concitoyens », ajoute-t-elle.
Des pays favorables à la manœuvre
Ce 9 septembre, Olof Gill, porte-parole de la Commission sur les sujets commerciaux et agricoles, a confirmé à La France Agricole des discussions sur des sujets « techniques » à Brasília. Il assure par ailleurs que « l’Union européenne continue de se concentrer sur la résolution des questions en suspens, en veillant à ce que l’accord réponde aux objectifs de durabilité de l’Union européenne tout en respectant ses sensibilités dans le secteur agricole », a-t-il déclaré. Il a toutefois assuré qu’actuellement « la Commission estime que nous ne sommes pas encore prêts à conclure des négociations ».
Une signature au prochain G20 en novembre ?
Si la France n’a pas caché sa position défavorable, elle peine à rassembler autour d’elle. En face, d’autres États membres ont appuyé clairement pour la ratification rapide de l’accord. Dans une lettre adressée à la Commission européenne et révélée par le Financial Times, une dizaine de pays dont l’Allemagne, la Suède et le Portugal ont pressé les négociateurs d’aboutir à une ratification, rappelant l’intérêt stratégique d’un tel accord face notamment à la Chine. Ils pourraient être entendus. Le journal Le Figaro évoque la possibilité d’une signature pour le prochain G20 qui se déroulera… à Rio au Brésil.
Comme aime à le rappeler la Commission et sa DG Commerce, elle a reçu le mandat de la part des États membres pour mener à bien les négociations avec le Mercosur. Et c’est manifestement ce qu’elle est en train de faire.