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Libre-échange : Et si le Maroc procédait à une révision de ses accords !

EcoActu | 2 avril 2019

Libre-échange : Et si le Maroc procédait à une révision de ses accords !

Dans une étude de la Direction des Etudes et Prévisions Financières (DEPF) sur la contribution des facteurs structurels et cycliques dans les échanges extérieurs, les auteurs se sont attardés sur comment optimiser la politique d’ouverture extérieure du Maroc qui valeur aujourd’hui ne saisit pas pleinement les opportunités dont elle recèle.

Dans la onzième édition de la série de publication, Policy Brief, les analystes de la DEPF partent du constat suivant : abstraction faites des aléas conjoncturels tels que l’instabilité des matières premières, se pose la question quant au rendement de la politique d’ouverture commerciale du Maroc qui s’est traduite au fil des ans par la signature d’importants accords de libre-échange.

Bien qu’aucune évaluation ne soit faite jusqu’à ce jour, tout laisse prédire que les résultats obtenus ne sont pas à la hauteur de l’effort de libéralisation consenti. Preuve en un déficit commercial qui continue à se creuser.

D’après les analystes de la DEPF, pour redresser cette situation défavorable, le Maroc gagnerait à œuvrer activement en faveur de l’optimisation de sa politique commerciale extérieure à travers une triple action :

Procéder à une révision globale des accords de libre-échange conclus et prospecter les meilleures voies possibles à même de favoriser un rééquilibrage des relations commerciales avec les partenaires ;

Renforcer le dispositif de défense commerciale dans le but de lutter vigoureusement contre la concurrence étrangère déloyale, notamment à travers un contrôle davantage strict à la frontière (fraude, contrebande, sous-facturation…) de sorte à préserver l’intégrité du marché intérieur et favoriser son développement harmonieux ;

Explorer l’opportunité de recourir à une nouvelle doctrine en matière de conclusion des accords de libre-échange, en privilégiant plus les groupements régionaux que l’approche bilatérale et en ciblant en priorité les pays du Sud pour se prémunir contre les chocs concurrentiels asymétriques.

Ce triptyque permettrait de veiller à la rentabilité aux accords de libre-échange et, par ricochet, remédier au déficit commercial.

Dans le même sillage et dans un objectif de réduire le déficit commercial, il est recommandé l’accélération de la transformation structurelle du système productif national pour une meilleure adaptation aux défis. « Un tel objectif rendrait nécessaire d’assurer une articulation judicieuse de la stratégie industrielle avec la politique commerciale et celle relative à l’attractivité des investissements étrangers », expliquent les analystes.

Ce qui supposerait par ailleurs le relèvement du taux d’intégration local au niveau des principales filières industrielles pour élargir le spectre de création de la valeur et des emplois et parvenir, in-fine, à capter en interne les effets de la sophistication du tissu productif.

Autre élément important est l’approfondissement de l’ancrage régional du Maroc en Afrique. A ce titre, le Maroc ne devrait menager aucun effort pour mener à bon escient son adhésion à la CEDEAO qui constitue une profondeur stratégique vitale pour le Royaume, de par l’histoire. Aussi, le Maroc ne devrait-il pas écarter l’option de redynamisation de l’intégration maghrébine, moyennant le recours à des paradigmes novateurs, fondés sur le pragmatisme économique et affranchis des ambivalences de l’agenda politique étroit. Un agenda politique qui a pris en otage l’économie des années durant.

Dans le but d’impulser l’effort national d’exportation en Afrique, en particulier, et vers d’autres marchés porteurs, les analystes insistent sur trois points essentiels :

Un système de veille stratégique pour capter les opportunités commerciales et les saisir, tout en anticipant les risques auxquels pourraient être exposées les entreprises nationales ;

Une offre marocaine intégrée pour susciter de fortes synergies entre grands opérateurs et PME-PMI ciblant les marchés d’Afrique ;

Une politique incitative appropriée dont le déploiement serait assujetti à des critères de résultat (relèvement du chiffre d’affaires à l’export, gain de parts de marchés, effet sur les créations d’emplois au Maroc…).


 source: EcoActu