Téhéran vote un accord de libre-échange avec la Syrie
OLJ/Agences | 13/12/2011
Téhéran vote un accord de libre-échange avec la Syrie
Le Parlement iranien a voté mardi un accord de libre-échange avec la Syrie, ont rapporté les médias. Cet accord prévoit de créer, d’ici cinq ans, une zone libre commerciale entre les deux pays qui sont chacun soumis à des sanctions internationales, selon la télévision d’Etat.
"Cet accord est une réponse ferme aux Etats-Unis et à leurs alliés européens et régionaux qui consacrent des milliards de dollars pour changer le régime politique en Syrie", a expliqué Allaeddine Boroujerdi, président de la Commission des Affaires étrangères du Parlement, en défendant le projet de loi.
Le gouvernement avait demandé au Parlement de voter en urgence le texte.
Les responsables iraniens ont néanmoins critiqué la violence de la répression et ont demandé aux autorités syriennes de mener des réformes.
La Ligue arabe a adopté une série de sanctions contre Damas, les plus sévères jamais adoptées par l’organisation envers l’un de ses 22 pays membres, pour protester contre la répression. L’Iran est de son côté soumis à des sanctions internationales contre son programme nucléaire controversé, renforcées depuis 2010 par un sévère embargo commercial et financier des pays occidentaux.
Allié historique de la Syrie depuis la révolution islamique de 1979, l’Iran défend le régime du président Assad, en proie à une violente contestation populaire depuis la mi-mars.
Un autre allié de Damas, Moscou, a jugé aujourd’hui, "immoral" que l’Occident accuse la Russie de bloquer une résolution sur la répression sanglante en Syrie au Conseil de sécurité de l’ONU alors que les Occidentaux refusent de faire pression sur les "extrémistes" syriens.
"Nos partenaires (...) ne veulent pas condamner les violences des groupes armés extrémistes contre les autorités légales" de Syrie, a souligné le chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, dans des propos retransmis à la télévision russe. Selon le ministre russe, le but de ces opposants est "de provoquer une catastrophe humanitaire en vue de provoquer une ingérence étrangère dans le conflit". Il a aussi jugé "mauvaise" la décision des Etats-Unis et des pays européens d’imposer des sanctions contre Damas, estimant qu’elles avaient "des conséquences négatives pour la population".
La Russie a réussi avec la Chine à bloquer toute tentative de résolution sur la répression en Syrie au Conseil de sécurité. Un double veto russo-chinois a torpillé le 4 octobre dernier un projet de résolution en ce sens. Une situation déplorée par la France qui juge que le Conseil de sécurité de l’ONU "est moralement responsable de ce qui se passe aujourd’hui en Syrie" et que son "silence" est un "scandale". L’Allemagne estime pour sa part qu’il est "nécessaire pour les pays au Conseil de sécurité qui hésitent encore de changer d’avis".
"La Turquie n’autorise jamais aucune attaque contre d’autres pays ou des voisins à partir de son sol", a, par ailleurs, déclaré aujourd’hui un diplomate turc à l’AFP sous couvert d’anonymat. Des propos qui font suite à de nouvelles informations syriennes d’infiltrations à partir de la frontière qui sépare les deux pays. Deux "membres d’un groupe terroriste" composé de 15 hommes en provenance de la frontière avec la Turquie ont été tués par des garde-frontières syriens, a indiqué mardi l’agence officielle Sana.
Le diplomate turc a en outre souligné que le nombre de réfugiés syriens fuyant le conflit dans leur pays et hébergés dans des camps de toile dans la province turque de Hatay (sud, à la frontière syrienne) s’élève à 8.500 avec l’arrivée ces dernières semaines de plusieurs centaines de personnes. Dans ces camps sont accueillis aussi des déserteurs de l’armée syrienne, dont le colonel Riad al-Assaad, le chef de "l’Armée libre syrienne", qui mène depuis plusieurs semaines des attaques contre les forces régulières et les milices pro-régime.
La Turquie s’est jointe à la Ligue arabe pour imposer des sanctions au régime de Damas. Ankara a ainsi gelé les échanges commerciaux avec la Syrie, son ex-allié.
Par ailleurs, la blogueuse américano-syrienne Razan Ghazzawi est accusée d’avoir "affaibli le sentiment national", a annoncé mardi le Centre syrien d’information et du droit d’expression (CSIDE). Razan Ghazzawi, âgée de 30 ans, est également accusée d’avoir "créé une organisation qui vise à changer le statut social et économique de l’Etat" et "ravivé les dissensions confessionnelles", indique le CSIDE.
Selon un avocat de défense des droits de l’Homme interrogé par l’AFP et qui a requis l’anonymat, le jeune femme risque entre trois et quinze ans de prison.
Razan Ghazzawi avait été arrêtée le 5 décembre alors qu’elle se rendait à Amman pour assister à un forum sur la défense du droit de l’information, selon le CSIDE, qui a précisé qu’elle occupait une fonction de coordination au sein de cette association. Le CSIDE a appelé les autorités à la libérer et à cesser leur "répression des blogueurs et des journalistes".
Sur le terrain, un ressortissant turco-saoudien a été tué mardi par les forces de sécurité dans le nord-ouest de la Syrie, ont affirmé des sources de l’opposition syrienne contactées par téléphone depuis Istanbul. Münir Muhamad Dolar circulait à bord de son véhicule à Kafr Yahmul, une localité de la province d’Idleb, voisine de la Turquie, quand il a été atteint vers 11h00 GMT par des tirs des forces de sécurité visant des manifestants, ont déclaré ces sources, parlant sous le couvert de l’anonymat.
D’un autre côté, sept membres des forces de sécurité ont été tués par des soldats dissidents en Syrie, dans la province d’Idleb, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). "Cette attaque est une réponse à la mort de onze civils tués ce matin par des tirs des forces de sécurité et des chabbiha", les milices loyales au régime, à Idleb, a précisé l’OSDH, basée en Syrie.
Des affrontements sanglants entre l’armée régulière et des dissidents se sont multipliés ces dernières semaines, notamment à Idleb, Homs (centre) et Deraa (sud).
La répression en Syrie a fait "plus de 5.000 morts" depuis le début à la mi-mars de la révolte populaire dans ce pays, a affirmé lundi la haut commissaire aux droits de l’homme de l’ONU Navi Pillay, s’en prenant devant le Conseil de sécurité des Nations unies à l’inaction de la communauté internationale. L’ONU a des informations selon lesquelles plus de 200 personnes ont été tuées depuis le 2 décembre par les forces du président Bachar el-Assad, a précisé Mme Pillay.