L’issue de la discussion autour d’un possible accord bilatéral de libre-échange entre Taïwan et les États-Unis était jouée depuis longtemps, Taïwan faisant des demandes auxquelles les ÉU répondent avec peu d’enthousiasme.
Ce qui est en jeu ici, peu importe le type d’entente bilatérale de commerce ou d’investissement, c’est avant tout le statut politique de Taïwan vis-à-vis de la Chine et du reste du monde. Un accord de libre-échange avec Washington serait l’équivalent d’une reconnaissance, de la part des ÉU, de la souveraineté et de l’indépendance de Taïwan par rapport à la Chine. Cela va à l’encontre de la politique de la Chine et pourrait déclencher une action militaire. Les États-Unis adhèrent à la politique « une Chine » de Beijing tout en maintenant des relations non officielles avec Taïwan.
Le côté économique d’une entente potentielle est une autre histoire. Taïwan est les huitième plus important partenaire commercial des États-Unis, est le sixième plus grand importateur de produits états-uniens, et souhaite dicter ses propres conditions d’accès au marché américain. Mais les États-Unis insistent sur le fait que les bénéfices que retirerait Taïwan d’un accord de libre-échange ne seraient pas importants.
La guerre des mots fait toujours rage. La politique continue d’assombrir toute implication commerciale d’une entente éventuelle, même si Washington presse continuellement Taïwan d’améliorer ses politiques en matière de commerce électronique, de marchés publics, de propriété intellectuelle, de salubrité des aliments et sur le bœuf américain, et ce, au profit des entreprises états-uniennes.
Entre-temps, les deux gournements, par l’entremise de leurs agences mandataires respectives, ont signé une sorte d’accord-cadre sur le commerce et l’investissement (TIFA) en 1994, et poursuivent leurs discussions par l’entremise du Conseil sur l’Accord-cadre bilatéral sur le développement des relations commerciales et des investissements.
dernière mise à jour : mai 2012
Photo : munch999/CC BY-NC-SA 2.0