Accord UE-Mercosur : au Parlement européen, on vote par pays et non par groupe politique
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Euractiv | 16 janvier 2025
Accord UE-Mercosur : au Parlement européen, on vote par pays et non par groupe politique
par Maria Simon Arboleas and Sofia Sanchez Manzanaro
BRUXELLES — Le 16 janvier, la question agricole a encore une fois illustré les divisions qui traversent les groupes politiques du Parlement européen, alors que les eurodéputés débattent de nouveau de l’accord commercial entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur.
Lors du débat sur l’accord UE-Mercosur au sein de la commission parlementaire du Commerce international (INTA), auquel participait le commissaire au Commerce Maroš Šefčovič, les eurodéputés ont défendu les positions de leurs États respectifs, plutôt que celles de leur groupe politique.
Les eurodéputés français, polonais et irlandais se sont opposés à l’accord, tandis que les Allemands, les Espagnols et les Portugais l’ont fermement soutenu. Aux Pays-Bas et en Autriche, ce dernier est largement critiqué, mais les eurodéputés restent divisés.
L’eurodéputé roumain Iuliu Winkler (Parti populaire européen, PPE), remplaçant son collègue espagnol Gabriel Mato en charge du dossier, a qualifié l’accord d’opportunité de renforcer le leadership de l’UE et a encouragé ses collègues à « saisir ce moment ».
Mais la Néerlandaise Jessika van Leeuwen (elle aussi du PPE) a fait remarquer que les éleveurs européens ne pouvaient pas concurrencer le bœuf et la volaille des pays du Mercosur, creusant les divisions au sein du groupe de centre droit.
Si João Cotrim de Figueiredo, du parti Renew Europe, a déclaré que les libéraux étaient « les plus fervents défenseurs du libre-échange », son collègue libéral irlandais, Barry Cowen, a quant à lui mis en doute la capacité de la Commission à protéger les agriculteurs de l’ensemble de l’UE contre d’éventuelles perturbations du marché.
Maroš Šefčovič a rassuré les eurodéputés sur le fait que, dans l’« improbable » scénario où le secteur agroalimentaire de l’UE serait affecté, des mesures de sauvegarde et une réserve financière supplémentaire d’au moins un milliard d’euros avaient déjà été mises en place pour le protéger. « Nous sommes très prudents », a-t-il ajouté.
Les divisions au sein du Parlement étaient déjà évidentes lors du dépôt en novembre d’un amendement par l’eurodéputée française Laurence Trochu pour le groupe d’extrême droite des Conservateurs et Réformistes européens (CRE). Ce dernier soulignait qu’il existait des « normes divergentes » entre l’UE et le Mercosur. Le groupe CRE avait voté contre l’accord commercial, à quelques exceptions près.
Bien que cet amendement n’ait pas été soutenu par une majorité des eurodéputés, il a toutefois été appuyé par les membres français, polonais et irlandais du PPE et par les eurodéputés irlandais du groupe libéral Renew.
Les membres du groupe des Verts/ALE se sont vus conseiller de s’abstenir pour des raisons politiques, bien qu’ils partageaient pour la plupart le contenu de l’amendement, selon des sources au sein du groupe.
Le 22 janvier, le Copa-Cogeca et d’autres grandes organisations syndicales et d’agriculteurs de l’UE organiseront une action contre l’accord à l’extérieur du Parlement européen, réunit en séance plénière.
Le 30 janvier, Maroš Šefčovič et le commissaire à l’Agriculture Christophe Hansen répondront aux questions des eurodéputés siégeant à la commission de l’Agriculture (AGRI).
Maroš Šefčovič rassure sur la lutte contre la déforestation
Au cours du débat, plusieurs eurodéputés ont demandé quel serait l’impact de l’accord sur le règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts (EUDR) ou le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF).
L’un des principaux ajouts à l’accord de 2024, par rapport à celui de 2019, est un mécanisme de rééquilibrage conçu pour empêcher l’une ou l’autre partie d’introduire une législation qui pourrait compromettre l’accès au marché convenu. Par exemple, l’EUDR restreint les exportations des pays du Mercosur, notamment celles de soja, de bœuf et de café, si elles sont liées à la déforestation.
« Les pays du Mercosur savent ce qu’il y a dans les livres », a déclaré Maroš Šefčovič, assurant que l’EUDR et le MACF avaient tous deux été pris en compte dans les négociations.
« C’est quelque chose pour ce qui pourrait arriver à l’avenir », a-t-il ajouté, laissant planer une certaine incertitude quant à savoir si les extensions futures de ces régimes — telles que l’inclusion du maïs dans le cadre de l’EUDR — pourraient être confrontées à des difficultés liées au mécanisme de rééquilibrage.