Accords de libre-échange UE – Thaïlande : les pêcheurs français se disent inquiets
LSA | 29 janvier 2025
Accords de libre-échange UE – Thaïlande : les pêcheurs français se disent inquiets
Dans un communiqué de presse commun, Europêche, Orthongel et l’Union des armateurs de la pêche de France interpelle la Direction générale des affaires maritimes, de la pêche et de l’aquaculture sur les risques sur une filière déjà en difficulté.
Il rappelle à s’y méprendre les vives discussions autour de l’accord de libre-échanges avec le Mercosur. En ce début d’année 2025, l’Union Européenne a entamé de façon plus poussée ses discussions avec la Thaïlande… discussions vieilles d’une bonne dizaine d’années, repoussée par le Coup d’Etat qui a eu lieu en 2014 et la prise de pouvoir par l’armée. Déjà à cette époque, la Thaïlande était le 1er transformateur de produits de la pêche et de l’aquaculture, en particulier de thons.
Exclure les produits à base de thon des discussions
Dans un communiqué de presse commun, Europêche (association des organisations nationales d’entreprises de pêche de l’UE), Orthongel (organisation de producteurs de thon congelés) et l’Union des armateurs de la pêche de France (syndicat patronal) alerte la Direction générale des affaires maritimes, de la pêche et de l’aquaculture sur les risques que feraient peser un tel accord sur la filière thon européenne déjà fragilisée. Dans ce texte, les trois organisations demandent "l’exclusion des produits à base de thon des discussions", dans le but de "protéger et garantir la compétitivité sur le marché des pêcheurs européens, qui risquent de se retrouver en concurrence frontale avec des produits importés bien moins cher qui ne respectent aucune des normes sociales, environnementales et économiques européennes", commente Jérôme Jourdain, secrétaire général de l’UAPF. En effet, la Thaïlande transforme du thon provenant de pays "aux pratiques douteuses", pour reprendre les termes évoqués dans le communiqué de presse, tels que la Micronésie, le Kiribati et la Nauru en Océanie. Dans le cadre de ces importations, les contrôles sont difficile à mener.
Une filière déjà sous tension
Aujourd’hui la filière thonière européenne est déjà sous tension. En France, les pêcheurs ne sont pas épargnés. "Il ne reste que deux armateurs aujourd’hui en France", détaille Jérôme Jourdain, depuis l’arrêt de Via Océan en 2024. Toujours dans son communiqué, les trois représentants de la filière souligne que "la Thaïlande n’a pas ratifié plusieurs conventions internationales fondamentales relatives aux droits humains et au travail. Le dernier audit de la Commission européenne en 2023 a révélé des lacunes persistantes en matière de santé et de sécurité alimentaire, mettant en évidence l’incapacité du pays à répondre aux standards européens".
Liens UE / Thaïlande
Selon les dernières données pour la période de janvier à octobre 2023, l’UE a importé de Thaïlande un total de 25 165 tonnes de produits de la pêche et de l’aquaculture pour une valeur de 156 millions d’euros, ce qui représente une baisse de 28,18% en volume et de 26,68% en valeur par rapport à la même période de l’année précédente. En moyenne annuelle entre 2020 et 2022, l’UE a importé 39,644 tonnes de produits de la pêche et de l’aquaculture de Thaïlande pour 213 millions d’euros.
Source : Europêche, Orthongel, l’Union des armateurs de la pêche de France