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Afrique : APE - Pas d’ouverture des frontières en 2008

Le Quotidien Mutations (Yaoundé) | 17 Juillet 2007

Afrique : APE - Pas d’ouverture des frontières en 2008

Brice R. Mbodiam

Les commissaires européens l’ont garanti hier à Yaoundé, au terme des négociations avec les ministres de la Cemac.

Louis Michel, le commissaire européen chargé du développement et de l’aide humanitaire ne s’en est pas caché : "Je ne suis pas sourd. J’ai été sensible aux manifestations de la société civile. Ce qui prouve qu’ils sont vigilants", a-t-il déclaré hier dans la capitale camerounaise, se référant à ces pancartes et chants hostiles aux accords de partenariat économiques, entonnés devant l’hôtel Hilton de Yaoundé par des membres d’un certain nombre d’Ong, qui voulaient faire entendre leur voix à l’occasion des négociations entre les commissaires européens et les ministres en charge des questions économiques et commerciales de la zone Cemac au sujet des Ape.

Aussi, sans qu’on ne sache si ces manifestations des Ong ont pu infléchir les positions des commissaires de l’Union européenne, Louis Michel, au cours d’une conférence de presse organisée au terme des travaux à huis clos, a rassurer que les frontières de l’Afrique centrale ne s’ouvriront pas aux produits européens dès le 1er janvier 2008, comme cela est répandu dans l’opinion depuis quelques temps. "Il y’aura une ouverture progressive. Il n’y aura pas de brusquerie", a-t-il affirmé. Pour corroborer cette thèse, le ministre camerounais de l’Economie et des Finances, Polycarpe Abah Abah, a mis en garde "les opérateurs économiques qui s’abstiennent de faire des importations parce qu’ils attendent la levée des barrières douanières en 2008. Je suis au regret de leur annoncer qu’en 2008, il faudra toujours payer les droits de douanes pour les produits importés".

Cependant, a confessé Louis Michel, les ministres en charge des questions économiques et commerciales de l’Afrique centrale et les commissaires européens n’ont pas encore pu s’entendre sur la durée de la période transitoire, qui séparera la signature des Ape de leur entrée en vigueur effective. Selon des sources dignes de foi, les autorités d’Afrique centrale souhaitent que cette période soit de 25 ans. Dans ce cas, les barrières douanières tomberont en 2033. Une proposition qui, pour l’instant, ne rencontre pas l’assentiment des commissaires européens, qui reconnaissent cependant l’importance pour les pays d’Afrique centrale de remettre leurs économies à niveau, afin de pouvoir être compétitifs sur le marché européen le moment venu.

De ce fait, les négociateurs ont convenu de la mise sur pied d’un Fonds régional pour les Ape, qui sera doté, dans un premier temps de 155 millions d’euros (plus de 100 milliards Fcfa), sans compter les contributions individuelles des pays de l’Union européenne. Lesquels, a encore révélé Louis Michel, s’engagent à alimenter ce fonds logé à la banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (Bdeac), d’un milliard d’euros par (650 milliards Fcfa) par an, afin de soutenir le renforcement des capacités des économies d’Afrique centrale jusqu’à l’entrée en vigueur des Ape. Mais, a rappelé le commissaire de l’Ue, il revient aux états de fixer les axes prioritaires pour l’utilisation de ces fonds, dont le mécanisme de déblocage sera plus flexible et plus rapide.

La seule mauvaise nouvelle à retenir des négociations d’hier à Yaoundé est la fin, dès le premier janvier 2008, des "accords de préférence commerciales réciproques", qui régissaient jusqu’ici les échanges commerciaux entre les pays Afrique-Caraïbes-Pacifique et l’Union européenne. En effet, face à la faiblesse des économies des pays Acp, l’Ue avait consenti à accorder aux produits en provenance desdits pays des tarifs douanier préférentiels ; Une mesure dont ne bénéficiaient pas les produits américains par exemple.

C’est cette faveur qui prendra fin en 2008, pour que l’Ue se mette "en règle avec l’Organisation mondiale du Commerce (Omc)", qui prône l’instauration du libre échange dans le monde, a indiqué Louis Michel. En clair, cela signifie que les exportateurs camerounais devront désormais débourser les mêmes droits de douane que leurs collègues américains, par exemple, s’ils désirent vendre leurs produits en Europe.


 source: AllAfrica.com