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Ape entre l’Ue et la Cedeao : La société civile maintient son opposition

Le Quotidien | Dakar | le 15 novembre 2006

SEMINAIRE - Ape entre l’Ue et la Cedeao : La société civile maintient son opposition

Par Olivier MONNIER

C’est avant-hier qu’a pris fin le séminaire de 4 jours organisé par Enda Tiers Monde et Wtn Africa. Il réunissait les représentants de la société civile ouest-africaine qui réfléchissaient à la question du partenariat économique avec l’Union européenne. Ce week-end de discussion a été l’occasion pour eux de renouveler leur refus de l’Accord de libre échange proposé mais aussi de réfléchir à la manière de faire entendre au mieux leur position.

«L’Accord de Partenariat Economique (Ape) proposé à l’Afrique de l’ouest par l’Union européenne ne nous convient pas dans sa forme actuelle.» Ce constat sans appel soulevé par Mme Bibiane Mbaye, une des organisatrices du séminaire et affiliée à Enda-Sénégal, résume bien le sentiment actuel de l’ensemble des représentants de la société civile africaine à propos de cet accord de libre échange.

La troisième Concertation de la société civile ouest-africaine sur les Ape qui avait lieu le week-end à Dakar, a donc été l’occasion pour ses participants de réitérer leur rejet de l’Ape Union Européenne (Ue)-Afrique Caraïbes Pacifique (Acp) discuté et négocié depuis juin 2000. En effet, les discussions ont mis en avant le fait que l’Afrique de l’Ouest n’est, selon eux, pas en position de signer un accord de libre échange avec l’Union européenne, eu égard au déséquilibre évident entre les deux régions. La déclaration de l’ensemble des participants, qui a clôturé cet atelier a ainsi précisé : «Le déséquilibre important qui réside dans des rapports de force inégaux, des ressources humaines et matérielles déséquilibrées entre les parties en négociation.»

Mais c’est aussi et surtout l’attitude de l’Union européenne qui était au centre des débats. Les représentants de la société civile ont ainsi renouvelé leur reproche adressé à l’Ue qui continue, selon eux, à imposer sa volonté sur la négociation des Ape, en privilégiant la libéralisation du commerce et des services des pays de l’Ouest-africain au détriment des objectifs de développement et d’intégration régionale au sein de la Cedeao (Comité Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest).

Autant dire que la simulation des effets de l’Ape présentée à Dakar mercredi dernier (voir Le Quotidien n°1160) n’a pas été accueillie de manière réellement positive parmi les participants du séminaire. En effet, cette étude proposée par le Centre d’Etudes et de Recherches en Développement International (Cerdi) a présenté une simulation plutôt positive des effets de l’Ape sur les pays de la Cedeao, mettant en avant une probable amélioration globale des revenus des ménages en dépit d’un recul de l’investissement public. «La simulation du Cerdi est totalement anachronique : ils projettent une baisse de l’investissement public, du commerce régional et des revenus fiscaux et ils veulent nous faire croire que tout cela se traduira par une augmentation du revenu des ménages et de la richesse des pays», a d’ailleurs ajouté de manière aigrie Mme Bibiane Mbaye.

Si le séminaire a permis à ses représentants de réaffirmer leur profonde opposition au partenariat économique dans sa forme actuelle, il leur a également permis d’élaborer un plan d’actions ayant pour but de se faire entendre publiquement et ainsi de peser davantage dans le processus de négociations. Le plan d’action adopté a mis en évidence la nécessité de diffuser leurs craintes aux parlementaires nationaux, collectivités locales, syndicats et médias, mais aussi et surtout à la population qui pourrait être la première visée par une libéralisation des échanges commerciaux.


 source: Le Quotidien