Argentine et Brésil dénoncent les exigences de l’UE pour un accord avec le Mercosur
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Euractiv | 4 juillet 2023
Argentine et Brésil dénoncent les exigences de l’UE pour un accord avec le Mercosur
par AFP
L’Argentine et le Brésil se sont élevées mardi (4 juillet) contre les exigences « inacceptables » et « partiales » de l’UE en matière d’environnement dans le cadre des discussions sur l’accord commercial avec le Mercosur.
L’UE « nous présente une vision partiale du développement durable, excessivement axée sur l’environnement », a déclaré le président argentin Alberto Fernandez, hôte d’un sommet du Mercosur à Puerto Iguazu, dans le nord-est du pays, à la frontière avec le Brésil et le Paraguay.
Le Mercosur, alliance entre Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay, a conclu un accord avec l’UE en 2019 après plus de 20 ans de négociations complexes, mais le pacte n’a pas été ratifié, en partie en raison des préoccupations européennes concernant les politiques environnementales de l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro (2019-2022).
L’arrivée au pouvoir au Brésil de Luiz Inacio Lula da Silva en début d’année a relancé les discussions. Mais un document additionnel à l’accord, présenté en mars par le bloc européen avec des exigences environnementales relatives au secteur agricole, génère aujourd’hui du ressentiment côté sud-américain.
Ce document « est inacceptable. Les partenaires stratégiques ne négocient pas sur la base de la méfiance et de la menace de sanctions« , a lancé le président brésilien.
« Nous ne sommes pas intéressés par des accords qui nous condamnent au rôle éternel d’exportateurs de matières premières, de produits miniers et de pétrole », a-t-il ajouté.
La rancoeur du président brésilien est partagée par Alberto Fernandez: « Personne ne peut nous condamner à être des fournisseurs de matières premières que d’autres industrialisent et nous vendent ensuite à des prix exorbitants », a-t-il dit.
« C’est un accord entre partenaires stratégiques. Il n’est pas question de mettre un couteau sous la gorge. Nous allons nous asseoir et régler nos différends », a insisté Lula dans un entretien à la radio publique brésilienne avant le sommet.
À la réunion, qui se tient dans le décor imposant des chutes d’Iguazu, participaient aussi les présidents uruguayen Luis Lacalle Pou et paraguayen Mario Abdo Benítez. Était également présent le chef de l’État bolivien Luis Arce, dont le pays souhaite devenir membre du bloc.
Lula, qui a pris mardi la présidence tournante du Mercosur, a fait savoir que son gouvernement préparait une contre-proposition à l’intention de Bruxelles, qui accueillera les 17 et 18 juillet un sommet entre l’UE et la Communauté des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes (Celac), le premier depuis huit ans.
Selon Lula, « il est impératif que le Mercosur présente une réponse rapide et énergique » aux exigences européennes. Le chef de la diplomatie argentine Santiago Cafiero a indiqué de son côté que son pays avait présenté aux autres membres du Mercosur ses propres idées, auxquelles Paraguay et Uruguay ont ajouté leurs observations.
Fondé en 1991, le Mercosur représente actuellement 62% de la population latino-américaine et 67% du PIB du continent.