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L’accord commercial avec le Mercosur refait surface

La France Agricole | 3 september 2024

L’accord commercial avec le Mercosur refait surface

Par Benoît Devault

Dans le tumulte de la rentrée, l’évènement pourrait presque passer inaperçu. Les négociateurs de la Commission européenne vont rencontrer entre le 4 et le 6 septembre 2024 leurs homologues du Mercosur. L’objectif : trouver une issue favorable à l’accord commercial de libre-échange signé en 2019, mais toujours pas ratifié. Les représentants se sont donné rendez-vous à Brasília, capitale du principal moteur de l’union économique sud-américaine, le Brésil.

« Que l’Union européenne se débrouille avec la France »

Du côté du Mercosur, on peste toujours contre les conditions additionnelles que l’Union européenne souhaite imposer. Ces conditions concernent principalement l’environnement et l’obligation de respect des accords de Paris et du pacte vert européen. Une compensation vers un fonds destiné à aider le Brésil, le Paraguay et l’Argentine pour qu’ils s’adaptent à ces exigences est l’une des pistes creusées dans les négociations.

Le bloc sud-américain emmené par le Brésil reste optimiste, mais ne cache pas son impatience. Le président brésilien Lula n’a d’ailleurs pas hésité à pointer l’obstacle principal pour une ratification à ses yeux, à savoir la France. À la mi-août, il a ainsi tancé l’Union européenne pour qu’elle passe à l’action.

« Maintenant, c’est dans les mains de l’Union européenne, car nous avons déjà décidé ici de ce que nous voulons et nous le leur avons déjà communiqué, a-t-il lancé. L’Union européenne doit se débrouiller avec la France, qui a des difficultés avec les produits agricoles brésiliens. Ils ont certainement peur de rivaliser avec notre fromage du Minas ou avec notre vin du Rio Grande do Sul », a-t-il ajouté, un brin provocateur.

Le Copa-Cogeca vigilant

Dans un communiqué, le syndicat agricole européen composé du Copa et de la Cogeca (union des coopératives) et plusieurs organisations agricoles ont exprimé leur sentiment, estimant que l’agriculture était rangée au second rang face à d’autres filières. « Il semble que pour des raisons géopolitiques et dans l’intérêt de certaines industries, la Commission soit prête à fermer les yeux sur l’impact que cela aurait sur certains des secteurs les plus sensibles de l’agriculture européenne », ont-ils déploré. Ils pointent par ailleurs l’opportunisme des acteurs alors que « les élections européennes sont désormais terminées ».

Les écarts entre les exigences de production de part et d’autre de l’Atlantique continuent en outre d’exaspérer le Copa-Cogeca alors que selon eux, « il est clair que les pays du Mercosur ne sont pas en mesure d’adopter les mêmes normes de production à la ferme que celles que l’Union européenne vise et impose à ses propres agriculteurs ».

La Chine en embuscade

Cette nouvelle accélération de la Commission pourrait aussi s’avérer stratégique. Le Brésil, par son président Lula, n’a pas fait mystère de ses ambitions de rapprochement avec la Chine, ce qui pourrait aller jusqu’à l’intégration à la fameuse « route de la soie ». Si les flux commerciaux ne sont pas de même ampleur, il s’agit toutefois pour l’Europe de ne pas rester trop loin derrière.


 source: La France Agricole