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L’Algérie, l’UE et l’iniquité

El Watan | 30 septembre 2024

L’Algérie, l’UE et l’iniquité

par Cherif Lahdiri

Alors que l’accord d’association signé en 2002 est censé «établir une zone de libre-échange et promouvoir les échanges commerciaux avec l’Algérie», l’UE interdit l’importation de la marque algérienne de la pâte à tartiner El Mordjene Cebon pour le fait qu’elle contient des produits laitiers non autorisés à être introduits en Europe.

L’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne, entré en vigueur le 1er septembre 2005, qui établit des mesures favorisant les échanges commerciaux entre les deux parties, ne prime-t-il pas sur les législations européennes ? Tout en ouvrant une procédure de règlement des différends pour contester les récentes mesures de protection décidées, depuis 2021, par l’Algérie sur les importations en provenance de l’Europe, l’UE restreint les importations algériennes, en invoquant «des normes strictes de sécurité alimentaire et de qualité». Or, il se trouve que ce même produit laitier interdit d’importation est lui-même exporté d’Europe vers l’Algérie.

Ce qui pose un problème d’iniquité commerciale flagrant. Cette contradiction intervient dans un contexte marqué par la volonté d’Alger de réviser l’accord d’association la liant à Bruxelles.

Le président Tebboune a, en effet, récemment demandé une révision de cet accord, «clause par clause», pour corriger les déséquilibres des échanges commerciaux au détriment de l’économie algérienne, des barrières d’accès au marché européen et de la quasi-inexistence d’IDE au profit de l’Algérie. Des dispositions sont prévues pour permettre la modification de cet accord d’association liant l’Algérie et l’UE.

Le Comité d’association, composé de représentants des deux parties, peut décider de rectifier certaines clauses de l’accord. L’Algérie, qui souhaite réviser cet accord, peut soumettre une demande au Comité.

L’Algérie peut également envisager d’appliquer la réciprocité en imposant, par exemple, des restrictions sur les additifs alimentaires en réponse aux normes exigées par l’UE. Cela impliquerait d’adopter des mesures similaires aux restrictions imposées par l’UE sur les importations algériennes, afin de protéger la santé publique et garantir la sécurité alimentaire.

C’est précisément ce que fait l’UE qui impose des «normes strictes sur les additifs alimentaires», interdisant certains d’entre eux et réglementant leur utilisation pour «protéger la santé publique des Européens».

La législation algérienne, qui impose déjà des conditions strictes concernant les additifs alimentaires, peut être renforcée en rétrécissant la liste d’additifs autorisés ainsi que leurs limites maximales établie dans la législation algérienne pour renforcer davantage la sécurité alimentaire et la conformité aux standards sanitaires internationaux. L’Algérie peut ainsi renforcer ses lois pour introduire davantage de restrictions sur l’importation de produits alimentaires nocifs pour la santé, tels que les produits sucrés ou contenant des additifs alimentaires, en provenance d’Europe.

Le ministère algérien du Commerce a déjà par le passé établi des listes de produits soumis à interdiction d’importation pour des raisons de santé publique et de protection des consommateurs.

Des études ont prouvé qu’il y a un lien entre une consommation élevée d’aliments contenant des additifs alimentaires et un grand risque d’obésité, de cancers et de pathologies métaboliques, dont le diabète.


 source: El Watan