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La France est-elle en train de lâcher sur l’accord UE-Mercosur ?

Photo: Confédération paysanne

Collectif Stop CETA Mercosur | 6 mai 2025

La France est-elle en train de lâcher sur l’accord UE-Mercosur ?

Depuis que Donald Trump a déclenché son augmentation des droits de douane, les prises de parole publique de l’exécutif français deviennent moins franches et perdent en clarté : la France serait-elle en train de changer de position sur l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur ? La Commission européenne et plusieurs capitales européennes l’y poussent et l’opposition française à l’accord semble se lézarder. Le collectif national Stop Mercosur rappelle que l’accord UE-Mercosur n’est pas la réponse à la guerre commerciale de D. Trump.

Scellé par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et les dirigeants du Mercosur lors d’un sommet en décembre 2024 à Montevideo malgré une opposition croissante, l’accord UE-Mercosur est en cours de révision juridique et de traduction dans toute les langues européennes nécessaires à sa ratification. Il pourrait être transmis aux 27 États-membres de l’UE pendant l’été et soumis au vote au Conseil au début de l’automne.

Le nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz, a récemment affirmé qu’Emmanuel Macron « pouvait voir comment l’équilibre des pouvoirs dans le monde est en train de changer et que nous, Européens, avions maintenant très rapidement besoin de partenaires dans le monde avec lesquels nous pouvons conclure des accords de libre-échange ». Mi-avril, Merz a même assuré que le président français « penchait désormais pour la ratification de l’accord avec le Mercosur ».

Si cette affirmation a été démentie par l’Elysée et la porte-parole du gouvernement, le ministre du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin a largement atténué le Non français auprès du média Politico. Comme certains de ses prédécesseurs qui ont toujours entretenu du flou sur le sujet, il a indiqué que Paris pourrait accepter cet accord de libre-échange si des « clauses miroirs » y étaient intégrées – un pis-aller qui ne change pas l’économie générale de l’accord – considérant que les droits de douane de D. Trump devaient enclencher « un réveil sur les accords commerciaux ». Selon le vice-président du Medef, l’exécutif adoucit sa position sur le traité.

L’opposition du camp présidentiel n’est plus systématique. L’eurodéputée Renew, Marie-Pierre Vedrenne, affirme « ne plus pouvoir rester dans une logique d’opposition primaire ». Quant à Bruno Bonnell, qui dirige le plan d’investissement France 2030 au sein du cabinet du Premier ministre français, il considère que l’accord UE-Mercosur « constitue une opportunité pour les exportations » dans certains secteurs agroalimentaires et que les secteurs touchés par les importations doivent « se spécialiser » et se concentrer sur « l’amélioration de la qualité » et non produire des « vaches identiques » à celles venant d’Amérique du Sud.

Pour le collectif national Stop-Mercosur, qui regroupe les organisations de la société civile mobilisées contre cet accord, « on ne répond pas à une situation inédite de remise en cause des règles du commerce international de ces 30 dernières années par la mise en œuvre d’un accord dont toutes les études montrent qu’il fait peser de graves dangers sur de nombreuses filières agricoles en Europe, des filières industrielles dans les pays du Mercosur, et sur le climat et les écosystèmes ». Le collectif appelle l’exécutif français à pleinement se mobiliser, en constituant une minorité de blocage au sein de l’UE pour que cet accord nocif ne soit pas ratifié. Le vote au Conseil est envisagé pour Septembre.

Pour aller plus loin :

  • Notre communiqué de début avril : L’accord UE-Mercosur n’est pas la réponse à la guerre commerciale de D. Trump
  • 400 organisations des deux côtés de l’Atlantique appellent à l’abandon de l’accord UE-Mercosur
  • Note de décryptage de l’accord conclu, par l’Aitec : Accord UE-Mercosur :
  • Qu’a conclu la Commission européenne en notre nom ?
  • Tribune du collectif Stop Mercosur en mai 2023 : pourquoi il faut stopper l’accord UE-Mercosur et encourager la relocalisation ?

 source: Collectif Stop CETA Mercosur