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Peuples d’Europe et d’Amérique latine unis contre le libéralisme de Bruxelles

L’Humanité | le 7 mai 2010

Peuples d’Europe et d’Amérique latine unis contre le libéralisme de Bruxelles

Le sixième sommet UE-Amérique latine pourrait être boycotté par les présidents de l’hémisphère Sud. En marge de cette grand-messe, le sommet alternatif dénonce les accords de libre-échange et ses conséquences sociales.

Théâtre d’une crise sévère, l’Espagne, qui préside les Vingt-Sept, accueillera les 
17 et 18 mai, à Madrid, le sixième sommet Union européenne-Amérique latine et Caraïbes (UE-ALC). Un sommet qui s’annonce déjà mouvementé. Une majorité de pays de l’Union des nations sud-américaines (Unasur) pourraient en effet boycotter la rencontre, en signe de protestation contre l’éventuelle participation de Porfirio Lobo, président controversé du Honduras. « Nous n’avons rien à cacher, il y a un malaise majoritaire », a commenté le chef d’État équatorien, Rafael Correa, dont le pays assure la présidence tournante de l’Unasur. En invitant « un gouvernement hors du système interaméricain », a-t-il expliqué, l’UE a agi « avec légèreté ». En février déjà, à l’occasion d’une réunion à Bruxelles censée relancer les accords de libre-échange dits d’association entre les deux continents, les Vingt-Sept avaient entériné « la normalisation des relations avec l’Amérique centrale » à la suite de l’élection présidentielle hondurienne. Or, à l’exception de la Colombie, et du Pérou, aucun pays d’Amérique latine n’a reconnu le scrutin organisé par les putschistes qui ont renversé Manuel Zelaya le 28 juin 2009.

Ce clash diplomatique n’est pas pour arranger les affaires de Bruxelles, qui joue des coudes pour faciliter les investissements des multinationales en Amérique latine, qui affiche un PIB de 3 103 milliards. Deuxième partenaire après l’Alena (marché intégrant le Canada, les États-Unis et le Mexique), l’UE souhaite accroître de manière significative ses échanges commerciaux qui, en 2007, s’élevaient à 124 milliards de dollars, selon le Centre d’études prospectives et d’informations internationales. Reste que le Vieux Continent peine à finaliser lesdits accords d’association (AdA) avec les différents blocs économiques régionaux (l’Amérique centrale, la communauté andine et le Mercosur). Il essuie l’opposition franche des organisations sociales et syndicales, mais également des gouvernements de gauche, notamment en matière d’agriculture, qui font preuve de méfiance. Les traités de libre-échange avec les États-Unis, avec la région, ont accéléré la mise en concurrence d’économies asymétriques qui ont eu des conséquences désastreuses pour les États et les populations. Les négociations, au point mort, se bornent donc à des déclarations dégoulinantes de fausses bonnes intentions pour combattre « la pauvreté ». En 2008, lors du sommet alternatif à la rencontre officielle de Lima, le président bolivien, Evo Morales, a rappelé que « la seule façon (…) de rétablir la justice est de liquider le modèle libéral et capitaliste ». D’où la tenue, en marge de la grand-messe, du sommet alternatif des peuples européens et latino-américains, à l’initiative du réseau Enlazando Alternativas (enlaçant des alternatives) qui réunit plusieurs centaines de mouvements sociaux, et de partis politiques, contre les visées impériales européennes.

Cathy Ceibe


 source: L’Humanité