Pour la souveraineté alimentaire, refusons les Accords de Partenariat Economique UE-ACP !
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Pour la souveraineté alimentaire, refusons les Accords de Partenariat Economique UE-ACP !
21 novembre 2006
VIA CAMPESINA CARIBBEAN
VIA CAMPESINA AFRICA
CPE Coordination Paysanne Européenne - COAG
Membres de Via Campesina, mouvement paysan international
20 Novembre 2006.
Refusons les Accords de Partenariat Economique UE-ACP !
Les organisations membres de Via Campesina en Afrique, en Europe et dans les Caraïbes considèrent que les Accords de Partenariat Economique (APE) entre l’Union Européenne (UE) et les pays Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) sont une nouvelle menace pour les petits producteurs dans les quatre régions. Nous demandons le blocage définitif du processus de négociation et l’ouverture d’une période de débats et d’analyses des impacts du libre-échange sur les agricultures nationales. Des alternatives basées sur le droit à la souveraineté alimentaire existent.
Les Accords de Partenariat Economique UE-ACP sont des accords de libre-échange. Ce ne sont pas, comme la Commission européenne tente de le faire croire, des accords de développement favorables aux pays ACP. Au moment où l’Organisation Mondiale du Commerce connaît une crise de légitimité, les APE sont un autre moyen pour obliger les pays à libéraliser leurs marchés agricoles, et cela malgré la forte opposition populaire qui s’exprime.
Nous considérons que la proposition actuellement négociée portera préjudice aux petits paysans des Caraïbes, de l’Afrique, des pays du Pacifique et de l’Europe car :
– La « réciprocité » défendue par la Commission européenne ne signifie rien d’autre que l’ouverture des marchés des pays ACP pour les exportateurs de l’UE.
– Les paysans africains, des Caraïbes et des pays du Pacifique vont être confrontés à des importations de produits agricoles de l’UE à des prix artificiellement bas.
– L’accès aux marchés d’exportation ne profitera pas aux petits producteurs de ces trois régions, qui dépendent essentiellement des marchés locaux, nationaux et régionaux pour la vente de leurs produits.
– Les prix auxquels les producteurs des pays ACP pourront exporter leurs produits sur les marchés européens vont baisser et ainsi annuler tout l’avantage qu’ils avaient à exporter vers l’UE.
– L’élimination de la plupart des tarifs douaniers va entraîner une baisse drastique des recettes des Etats ACP, alors même que beaucoup sont très dépendants de ces revenus. Cette perte se répercutera sur la capacité de ces Etats à investir dans la santé, l’éducation et dans les infrastructures publiques et les politiques agricoles.
Rien n’oblige ni les pays ACP ni l’Union Européenne à négocier de tels accords (ils pourraient obtenir une nouvelle dérogation pour prolonger les accords de Cotonou). Cependant, la Commission Européenne insiste pour clôturer les négociations avant la 31 décembre 2007.
Les organisations membres de Via Campesina en Afrique, en Europe et dans les Caraïbes appellent donc à la mobilisation des paysans et des paysannes et de la société civile de nos régions pour bloquer définitivement les Accords de Partenariat Economique.
Nous demandons que la coopération entre l’Union Européenne et les pays ACP soit basée sur les principes suivants :
– La souveraineté alimentaire : les Etats doivent avoir le DROIT de définir eux-même leur politique agricole, sans dumping vis à vis des autres pays.
– La priorité doit être donnée à la capacité des pays de développer leur production pour leurs besoins alimentaires nationaux ou régionaux. Ceci implique la possibilité pour tous les Etats de protéger leur production vis à vis d’importations qui menacent l’équilibre de leurs marchés intérieurs.
– L’intégration régionale doit être le fruit de processus endogènes et non pas dictés par l’extérieur comme c’est le cas avec les APE.
– Les blocs régionaux en Afrique, en Europe et dans les Caraïbes et dans le Pacifique doivent pouvoir mettre en place ou préserver des niveaux de préférence régionale élevés.
– Le dumping des produits alimentaires doit cesser. Ceci implique que l’Union Européenne maîtrise ses productions dans les secteurs où elle est excédentaire et cesse d’utiliser les aides directes pour faire baisser les prix agricoles.
– Les résultats de l’accord Tous sauf les Armes doivent être analysés avant la signature de tout autre accord de libéralisation commerciale. Nous constatons que dans les Pays ACP qui font parties des Pays les Moins Avancés, Tous Sauf les Armes n’a pas profité aux petits paysans et n’a pas permis de réduire la pauvreté.
– Le système de préférence commerciale non-réciproque accordé par l’UE aux pays ACP dans le cadre des accords de Cotonou doit être maintenu, mais doit être amélioré pour permettre aux producteurs des pays ACP de diversifier leur agriculture pour être moins dépendants des exportations vers l’UE.
– Face à l’imminence de la crise énergétique, il est urgent de relocaliser les productions agricoles et donc de soutenir la capacité de production pour leur marché interne des paysans des quatre régions.
Nous appelons les gouvernements des pays ACP à résister aux pressions exercées par la Commission européenne pour conclure ces négociations. Nous appelons les mouvements sociaux et les organisations de la société civile en Afrique, en Europe et dans les Caraïbes et le Pacifique à se mobiliser pour empêcher la signature des Accords de Partenariat Economique.
Refusons les APE !
La souveraineté alimentaire, maintenant !
Contacts :
Via Campesina Caraïbe :
Juana Ferrer (Dominican Republic), 001 809 686 7517 ; conamuca@yahoo.es
Via Campesina Afrique :
Ibrahima Coulibaly (CNOP-Mali) ; i_ibracoul@yahoo.fr ; (+223) 228 74 15
Diamantino Nhampossa (UNAC-Mozambique) ; diamantino.n@gmail.com ; (+258) 824 904 050
CPE :
René Louail (France) +33 6 72 84 87 92 ; rene.louail@wanadoo.fr
COAG :
Javier Sanchez (Estado Espanol) +34 609 35 93 80 ; uaga@uaga-aragon.com
Via Campesina www.viacampesina.org