Accord de libre-échange : l’UE relance les négociations avec la Malaisie
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La Tribune - 20 janvier 2025
Accord de libre-échange : l’UE relance les négociations avec la Malaisie
Après les pays du Mercosur, c’est avec la Malaisie que l’Union européenne veut instaurer un accord de libre-échange. Les deux parties ont indiqué ce lundi relancer les négociations sur ce sujet, au point mort depuis plus de dix ans. Car elles avaient déjà initié de tels pourparlers en 2010, avant de les suspendre deux ans plus tard. Ce qui ne les empêche pas aujourd’hui d’échanger, à hauteur de 45 milliards d’euros par an. Et bientôt, peut-être, plus encore avec cet accord qui permettrait de « franchir une nouvelle étape », a fait valoir Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, dans un communiqué.
Un avis partagé par le Premier ministre malaisien, Anwar Ibrahim, qui a qualifié de « jalon important » la réouverture des discussions, après avoir passé deux jours à Bruxelles pour une visite de travail. Selon lui, un tel accord serait bon pour son pays car il favoriserait les exportations malaisiennes, notamment de produits électriques et électroniques, d’équipements scientifiques et d’huile de palme. Mais aussi pour les Vingt-Sept puisqu’il stimulerait les investissements de l’UE dans les énergies vertes et l’industrie manufacturière de pointe.
Les craintes du retour de Trump
Ursula von der Leyen justifie la recherche de ce nouvel accord par « les tensions géopolitiques [qui] sont en hausse et le risque d’instabilité [qui] grandit ». C’est pourquoi « cette excellente nouvelle arrive à un moment critique », estime-t-elle.
« Alors que d’autres se replient sur eux-mêmes et s’isolent, l’Europe et la Malaisie choisissent une autre voie » : « Établir des partenariats », a revendiqué la cheffe de l’exécutif européen.
Si l’Union européenne fait face à la concurrence chinoise, le Vieux Continent est aussi ébranlé par les menaces agitées par Donald Trump, qui fait son retour à la Maison Blanche à partir de ce lundi. Le président élu a promis d’augmenter les droits de douane sur tous les produits entrants sur le sol américain. Et pas qu’un peu : entre 10% et 20% - et même entre 60% et 100% pour ceux en provenance de Chine.
Pas de quoi trop s’inquiéter, toutefois, aux yeux de Laurent Saint-Martin, le ministre délégué français chargé du Commerce extérieur. « Il ne faut pas faire de l’investiture du nouveau président des États-Unis un sujet anxiogène », a-t-il indiqué dans un entretien à La Tribune Dimanche. Car Donald Trump n’est « pas un inconnu, ni pour l’Union européenne, ni pour la France ». Et les États-Unis sont « un pays allié, avec qui les relations, y compris commerciales, sont anciennes et solides ». « Mais le continent doit se réveiller. Et renoncer à la naïveté qui prévaut parfois dans (le) domaine (du commerce international) », a-t-il lancé.
(Re)créer des liens
Bruxelles tente en tout cas ces dernières semaines de sceller de nouveaux accords commerciaux. Outre la Malaisie donc, l’UE a annoncé, vendredi, le renforcement de son partenariat commercial avec le Mexique. Ce dernier, qui doit encore être ratifié pour être pleinement validé, permettra de supprimer des droits de douane, d’étendre la protection des labels d’origine géographique des produits européens ou encore de mettre en place des procédures simplifiées et moins coûteuses pour les exportations agroalimentaires.
Une stratégie qui ne fait toutefois pas l’unanimité. « Sous pression de Trump et plutôt que d’un protectionnisme solidaire, l’UE fait le choix de s’entêter dans toujours plus de libre-échange, toujours plus de dégâts environnementaux, toujours plus de dumping social », a critiqué vendredi l’eurodéputée de gauche française Leïla Chaibi (La France insoumise).
Avant cet accord avec le Mexique, l’UE avait en effet conclu en décembre les négociations pour un accord de libre-échange très discuté avec quatre pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay). Cet accord, qui doit également être ratifié, est lui aussi l’objet de critiques. Notamment des agriculteurs européens qui craignent des importations sud-américaines jugées déloyales. Les organisations écologistes dénoncent, elles, son impact environnemental. Mais Bruxelles s’affiche déterminée à mener cet accord à son terme, et bien d’autres encore.
(Avec AFP)