Attac soutient les mobilisations paysannes pour l’abandon du traité UE-Mercosur et du CETA
Attac | 21 novembre 2024
Attac soutient les mobilisations paysannes pour l’abandon du traité UE-Mercosur et du CETA
Alors que les négociations entre les pays du Mercosur et l’Union européenne (UE) sur le traité de libre-échange sont en cours de finalisation, les paysan·nes reprennent, comme en février dernier, le chemin de la mobilisation pour mettre un coup d’arrêt définitif à ce traité.
Pourquoi faut-il abandonner ce traité ?
Depuis sa création, Attac s’oppose aux accords de libre-échange qui symbolisent une mondialisation néolibérale au service des multinationales (webinaire à revoir ici). Ces accords enchaînent les États dans un carcan de règles au bénéfice du capital transnational, et au détriment des populations, de la planète et de la santé publique. L’accord UE-Mercosur n’échappe pas à la règle : c’est un cadeau pour les grandes entreprises exportatrices et une menace pour le bien commun.
Ce que prévoit l’accord
Comme tous ces traités, l’objectif est de supprimer les barrières tarifaires et réglementaires pour intensifier les échanges entre les deux zones. Concrètement :
- Côté UE : boost des exportations de voitures, produits chimiques et services, ainsi qu’un accès aux marchés publics sud-américains.
- Côté Mercosur : augmentation des exportations agricoles et minières vers l’Europe.
Quelles conséquences ?
🌾 Agriculture : des fermes sacrifiées des deux côtés de l’Atlantique
- Mercosur : explosion des filières agricoles industrielles au détriment de la petite paysannerie, entraînant une perte d’autonomie alimentaire.
- UE : une concurrence déloyale qui accélérera la disparition des petites exploitations face à des produits importés aux normes sanitaires laxistes (ex. : 51 pesticides interdits en Europe mais utilisés au Brésil).
🌍 Environnement : déforestation et émissions en hausse
L’agrandissement des fermes au Mercosur signifie une déforestation accélérée, estimée entre 620 000 et 1,35 million d’hectares, soit +25 % en six ans. Ajoutons à cela l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre liées à la production et au transport des marchandises.
🏥 Santé publique : un nivellement par le bas
Les produits agricoles importés respecteraient des normes sanitaires bien plus faibles que celles imposées aux producteurs européens. Résultat : un risque réel de voir les standards européens s’effondrer. Le précédent de l’annulation du plan phyto en France en février 2023 illustre déjà cette dérive.
🏭 Industrie au Mercosur : la casse sociale en perspective
Face à la concurrence des entreprises européennes plus puissantes, certains secteurs industriels locaux risquent de s’effondrer, aggravant les inégalités sociales.
Le double jeu de la France et de Macron
Emmanuel Macron affirme s’opposer à l’accord « en l’état », mais en réalité, la France n’a jamais tenté de le bloquer ou de s’opposer à son mandat de négociations. Celles-ci ont continué, se focalisant sur une simple « annexe » pour répondre aux critiques sur les conséquences négatives du traité, comme l’environnement, sans toucher au texte principal signé en 2019. Cette annexe n’a cependant pas été rendue publique.
D’autres pays européens s’opposent à cet accord mais la France n’a mis en place aucune démarche de barrage commun. Au-delà des campagnes de communication, Macron est resté fidèle à sa stratégie : signer les accords de libre-échange à tour de bras (Japon, Vietnam, Singapour, etc.) et continuer les négociations avec l’Inde, l’Indonésie, la Thaïlande, entre autres. La décision récente du gouvernement français d’essayer de constituer une minorité de blocage arrive un peu tard. (Lire la lettre ouverte de 40 organisations à E. Macron et M. Barnier de nov. 2024.)
Pour Attac, il faut sortir de cette logique financière et purement concurrentielle qui ne fait que renforcer les positions des multinationales. Et les peuples n’ont d’autres choix que de subir les conditions imposées par ces accords. Rien n’est joué pourtant et le rapport de force avec les mobilisations agricoles dans toute l’UE peut faire plier la Commission européenne. (Lire 10 propositions pour une politique commerciale européenne juste.)
Le double jeu de la FNSEA : à qui profite vraiment leur discours ?
La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs jouent un double jeu. Derrière leur façade de défense des paysan·nes, ils soutiennent un système qui favorise les grandes exploitations et l’agro-industrie, au détriment des petites fermes et d’un modèle agricole équitable. [La pérennisation du dispositif TO-DE ne concerne par exemple que les fermes ayant un chiffre d’affaire supérieur à 120 000 euros]. Leur priorité ? Protéger l’élevage intensif et les intérêts de quelques multinationales, sans jamais remettre en question un modèle productiviste et destructeur pour les paysan·nes du monde entier.
Pourtant, des solutions existent. Partout émergent des filières locales et solidaires permettant d’assurer tout à la fois un débouché pour la production, une revalorisation salariale des paysan·nes, une implication des citoyen·nes et une reconnaissance bien plus importante (Notre webinaire « une autre agriculture est possible » est à revoir ici). Mais la FNSEA préfère investir son énergie dans le lobbying pour détricoter les normes environnementales, justifier l’artificialisation des terres, ou saboter des initiatives essentielles comme le plan éco-phyto.
Quand elle s’attaque à l’Office français de la biodiversité de Beauvais, soutient des dérogations pour l’arrachage de haies, ou la réduction des sanctions en cas d’atteintes à l’environnement ou à la biodiversité, elle ne défend pas les paysan·nes mais les manipule. Dans le même temps, elle valide en ce moment des textes de cadrages facilitant la mise en place de photovoltaïque au sol sur des terres dites incultes, alors qu’un syndicat de l’agriculture devrait évidemment œuvrer contre tout artificialisation et accaparement de terres.
Quant à la Coordination Rurale, si elle reflète un désarroi certain de la profession, elle n’hésite pas à servir la soupe à l’extrême-droite la plus radicale, comme Eric Zemmour, sans proposer une transformation du modèle agricole à même de répondre aux inquiétudes souvent justifiées de ses sympathisants.
Une autre agriculture est possible, une autre mondialisation aussi !
L’accord UE-Mercosur n’est qu’un rouage d’une mondialisation injuste, qui creuse les inégalités et monte les travailleurs·ses les un·e·s contre les autres dans une course effrénée à la compétitivité. Ce système profite exclusivement aux élites capitalistes, sacrifiant les populations, l’environnement et le vivant.
Attac défend une agriculture équitable et respectueuse du vivant. Ensemble bâtissons un autre modèle, pour une mondialisation au service des peuples et non des supers profits !