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Confédération paysanne : "Derrière l’accord UE-Mercosur, c’est un choix de société qui se joue !"

Photo: Confédération paysanne

Marianne | 9 décembre 2024

Confédération paysanne : "Derrière l’accord UE-Mercosur, c’est un choix de société qui se joue !"

Par Confédération paysanne

Comme le démontage du McDonald’s en 1999 avait posé la question de la malbouffe et de la marchandisation de l’agriculture, la lutte contre l’accord UE-Mercosur questionne en profondeur l’organisation du commerce international et la production agricole en France, nous explique la Confédération paysanne.

La logique des accords de libre-échange est mortifère. Elle exacerbe la mise en concurrence, tire la rémunération des producteurs vers le bas et fait pression sur les conditions sociales et environnementales de production. Renoncer à rechercher la compétitivité à tout prix est urgent.

La Confédération paysanne n’a eu de cesse de souligner le danger des accords de libre-échange pour les éleveurs, les apiculteurs et tous les agriculteurs qui seront confrontés à de nouveaux quotas d’importation de produits à droits de douane réduits ou nuls. Des accords de libre-échange qui s’opposent au principe même de souveraineté alimentaire. La Confédération paysanne n’est pas isolée dans ce combat que mènent avec nous de nombreuses organisations et syndicats tant en France, comme le Collectif Stop MERCOSUR, qu’en Europe et en Amérique du Sud avec La Via Campesina.

L’organisation du commerce international

Négocié à huis clos, en toute opacité, cet accord est un déni démocratique. Pourtant, sa négociation n’a jamais cessé. Pire, il a même été signé ce 6 décembre, à Montevideo, en Uruguay, par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. En France, depuis très récemment, cet accord fait l’unanimité contre lui. Mais ces néoopposants, qu’ils soient responsables syndicaux ou décideurs politiques, réclament dans le même temps l’affaiblissement des normes sociales et environnementales en France et la levée des « entraves » à la compétitivité. C’est bien que fondamentalement, ils n’ont pas changé de logiciel. Or, nous devons avoir un débat public de fond sur l’organisation du commerce international que nous voulons, la direction que nous voulons donner à agriculture pour produire quelle alimentation. C’est un véritable débat de société.

Pour les tenants du libre-échange, produire et préserver l’environnement relèveraient d’injonctions contradictoires. La seule véritable injonction contradictoire, c’est de prétendre maintenir de l’agriculture et des paysannes et paysans nombreux et rémunérés, tout en signant des accords de libre-échange qui lèvent toutes les protections tarifaires, douanières, sanitaires…

Les défenseurs historiques du libre-échange, comme les dirigeants de la FNSEA, ont toujours seulement vu dans les accords de libre-échange une opportunité de marchés. Maintenir une agriculture toujours plus gourmande en intrants chimiques, en sojas importés, en mécanisation, pour gagner la « compétition internationale », c’est acter la disparition des paysans et paysannes. C’est d’ailleurs ce qu’ils font depuis quarante ans, puisque nous sommes passés en France d’un million de paysannes et paysans dans les années quatre-vingt-dix à moins de 400 000 aujourd’hui.

Un modèle en jeu

Dans un contexte électoral, les dirigeants de la FNSEA et de la Coordination rurale s’opposent aujourd’hui au Mercosur « en l’état ». Mais ne nous y trompons : ils partagent bien la même vision d’un modèle agricole productiviste, exportateur et font l’impasse sur les conséquences sociales, économiques et écologiques du modèle industriel qu’ils promeuvent. Ils nous disent que l’accord deviendrait acceptable s’il était assorti de clauses-miroirs. C’est un miroir aux alouettes. Aucune clause-miroir ne pourra pallier les différences de conditions de production. En vérité, les perdants seront toujours les populations et les seuls gagnants les multinationales et leurs actionnaires.

Car c’est bien un modèle agricole, alimentaire, économique et de société qui est en jeu dans cette bataille. Ces accords de libre-échange sont une façon néfaste d’organiser notre économie et nos échanges commerciaux, au détriment des travailleuses et travailleurs de tous les secteurs et de tous les territoires.

À la Confédération paysanne, le cap est clair. C’est la rémunération et la reconnaissance du travail paysan, via un contrat social renouvelé pour protéger notre revenu, qui permettra de fournir une alimentation de qualité à toutes et tous et de répondre aux enjeux climatiques, de biodiversité, de dynamique des territoires et de renouvellement des générations.
Respect de la souveraineté alimentaire des peuples

Il est vital d’instaurer un commerce international qui respecte la souveraineté alimentaire des peuples, basé sur d’autres règles que la course au moins-disant social et environnemental avec des objectifs clairs :

● La protection du revenu paysan et des droits des travailleuses et travailleurs.

● La lutte contre le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité.

● L’incitation à des modes de production vertueux sur le plan social et écologique.

● La protection de la qualité de l’eau, de l’air et des sols.

● La protection de la santé des paysannes et paysans et des populations, notamment vis-à-vis des ravages des pesticides et de l’alimentation industrielle ultratransformée.

● L’accès à une alimentation de qualité pour tous et toutes, sans OGM.

● Le respect des droits humains.

Un autre commerce est possible, basé sur la solidarité, la démocratie, la coopération et l’égalité !


 source: Marianne