Europe-Etats-Unis: et si l’accord de libre-échange butait sur des fromages?
BFMTV | 09/03/2014
Europe-Etats-Unis: et si l’accord de libre-échange butait sur des fromages?
Lors des négociations qui vont s’ouvrir le 10 mars, Bruxelles veut obtenir la défense des produits du terroir. Il s’agit d’interdire que des appellations comme Brie ou Roquefort soient utilisées pour des fromages fabriqués outre-Atlantique.
C.C
L’Europe entend protéger les fromages issus de son terroir. (Stacy Spenley - Flickr- CC)
Après les OGM, les données personnelles, l’exception culturelle française, c’est au tour des fromages de s’inviter sur la table des négociations sur l’accord de libre-échange entre l’Europe et les Etats-Unis.
Alors qu’une quatrième réunion entre Américains et Européens doit se tenir du 10 au 14 mars à Bruxelles, la Commission entend bien obtenir de son grand partenaire le respect des terroirs et des appellations d’origine contrôlées.
Selon une information de la radio américaine NPR relayée par l’Express, Bruxelles voudrait que les fabricants américains de fromages cessent d’utiliser pour leur production les noms de Roquefort, Gouda, Brie ou autre Gruyère puisqu’ils font référence à des villes et lieux situés en Europe.
D’autres produits agroalimentaires devraient bénéficier de la même protection, tels que la bière Lambic ou les oignons Vidalia.
Le précédent de la Feta
Mais les négociations risquent d’être serrées au vu des enjeux commerciaux. Les Etats-Unis sont, en effet, les premiers producteurs de fromage au monde, avec 14 millions de tonnes par an. Et changer l’appellation de leurs productions reviendraient à anéantir tout le travail de notoriété effectué par les producteurs, au sein du pays mais aussi à l’export.
A l’inverse, les Européens devraient gagner en visibilité pour les 680.000 tonnes de fromages qu’ils exportent chaque année.
Cette exigence de l’Europe vis-à-vis des terroirs n’a rien de nouveau. Car avant de s’attaquer à l’international, elle a d’abord fait le ménage au sein des pays membres en créant notamment les appellations d’origine protégées (AOP).
C’est ainsi que la Grèce a obtenu l’utilisation exclusive de l’appellation Feta en 2002. Au grand dam de la France, du Danemark et de l’Allemagne qui sont à l’origine de près de la moitié de la production mondiale de ce fromage de brebis.