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Le Britannique Keir Starmer veut signer un accord commercial avec les Etats-Unis

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Les Echos | 17 janvier 2025

Le Britannique Keir Starmer veut signer un accord commercial avec les Etats-Unis

par Nicolas Madelaine

Le Premier ministre britannique risque d’avoir un peu de travail à son retour d’Ukraine pour rassurer les chancelleries européennes. Alors qu’il négocie une « réinitialisation » de la relation économique et diplomatique entre le Royaume-Uni et l’Union européenne post-Brexit, il a annoncé en effet ce vendredi dans une interview au « Financial Times » que l’ambition de Londres était « d’avoir un accord de quelque forme que ce soit avec les Etats-Unis, un accord commercial ».

Difficile de savoir s’il s’agit de sauver quelques secteurs d’activité de la hausse des barrières commerciales que menace de mettre en place la nouvelle administration Trump à partir de lundi. Ou s’il s’agit de ce vaste accord de libre-échange avec les Etats-Unis dont rêvait la droite favorable à la sortie de l’Union européenne. « Je pense qu’ils ne savent pas », dit David Henig, directeur du European Centre for International Political Economy.

« Réinitialisation »

Le terme « accord commercial » risque de déclencher le système d’alarme dans la tête des dirigeants à Bruxelles, Paris ou encore Berlin. « Etrange, je dois dire, je ne sais pas si c’est très sage de parler ainsi : Bruxelles va se dire ’décidez-vous, on ne peut pas tout avoir’ », dit David Henig.

Etant donné la divergence des approches en matière de réglementation, qui va s’accentuer avec le retour des Républicains à Washington, le « reset » européen et l’accord commercial Etats-Unis-Royaume-Uni risquent d’être incompatibles. Ceux qui ont fait l’expérience d’une négociation simultanée avec Bruxelles et Washington la décrivent comme « cauchemardesque », avait écrit ce spécialiste du commerce international sur X.

Keir Starmer précise dans son interview qu’il rejette « le faux choix » qu’il y aurait à faire entre un deal avec Washington et un meilleur accord avec l’Union européenne. Autrement dit, il n’y a pas d’incompatibilité avec le « reset », selon lui.

« Bruits de fond »

Pendant ce temps, une source diplomatique européenne décrit un état d’avancement « faible » des discussions entre Londres et Bruxelles avant une rencontre importante au printemps, entre Keir Starmer et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, pour avancer sur le « reset ».

Côté Union européenne, une certaine frustration émerge, même si on pense que Londres finira par accepter une libre circulation sous condition des jeunes Européens dans un package plus large. Il est vrai que les intentions de l’administration Trump vis-à-vis du Royaume-Uni rendent la position du Premier ministre britannique particulièrement difficile.

Dans son interview, Keir Starmer revient sur les attaques dont il a fait l’objet par Elon Musk, qui joue un rôle de bras droit de Donald Trump pendant la transition depuis sa victoire électorale en novembre. « A la fin des fins, mon expérience est qu’il faut se concentrer sur ce qui est important, dit-il. [Et] ignorer les bruits de fond. »


 source: Les Echos