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Les agriculteurs kenyans saisissent la justice au sujet des APE

Panapress - Nairobi - 26/10/2007

Les agriculteurs kenyans saisissent la justice au sujet des APE

Nairobi, Kenya — Dans un mouvement sans précédent, les agriculteurs kenyans ont saisi la justice pour s’opposer à la signature d’un Accord de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne (UE), indiquant que les Etats africains qui le négocient n’avaient pas de structure concrète comme l’UE pour signer cet accord.

Les agriculteurs kenyans ont estimé que l’Afrique orientale et australe (ESA), une organisation 16 Etats africains, dont ceux de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), ne disposaient pas de structures juridiques adéquates pour passer un accord ayant force obligatoire qui pourrait affecter les vies de leurs populations.

En même temps que des associations de la Société civile, ils soutiennent que le gouvernement kenyan n’est pas en position de signer cet accord commercial,alors que le Parlement a été dissous et que la question des APE n’a fait fait l’objet de discussions devant cette institution.

James Orengo, l’avocat représentant les agriculteurs et la Commission kenyane des droits de l’Homme, a indiqué qu’il s’agissait d’une affaire "décisive" dans laquelle des citoyens se sont dressés contre le gouvernement pour empêcher la signature d’un traité international.

"C’est un cas sans précédent dans lequel des citoyens disent au gouvernement qu’il ne peut passer aucun accord ayant force obligatoire sans la participation et sans le mandat des populations concernées, en particulier si cela touche à leurs droits humains", a déclaré M. Orengo.

L’UE fait pression pour la signature des APE dont les agriculteurs estiment qu’ils vont rendre la vie beaucoup plus chère pour les Africains pauvres, tandis qu’ils seront eux-mêmes incapables de concurrencer leurs riches homologues européens.

L’avocat a estimé que ce projet constituait une violation du droit à la vie, du droit à l’emploi et du droit à la subsistance.

"Nous sommes placés dans une situation pire que celle où nous nous trouvions quand le Parlement n’avait pas encore été dissolu. Le moment où les institutions nationales comme le Parlement sont dissolues est celui où les gouvernements sortent du droit chemin", a soutenu M. Orengo.

Harvey Rouse, le responsable de la division Politique et du Commerce de l’Union européenne, a déclaré que les APE ne signifaient pas l’instauration du "libre-échange" entre l’UE et le Kenya à partir du 1er janvier de l’année prochaine.

"Loin de là", a-t-il déclaré. Du côté de l’UE, il y aura une suppression totale des taxes et quotas, avec seulement une exception temporaire pour le sucre et le riz", a-t-il révélé à la PANA.

Esther Bett, la présidente des Associations des petits exploitants agricoles kenyans, a pour sa part estimé que cet accord en entraînerait un autre "secret" similaire aux Politiques d’ajustement structurel ayant ruiné les agriculteurs africains, tout en les excluant des marchés.

"Les produits subventionnés de leurs agriculteurs vont faire s’effondrer nos activités. Nous risquons de beaucoup perdre si cet accord est passé. Nous devons nous organiser pour échanger nos produits au sein de l’EAC. Nous avons été blessés auparavant et nous ne voulons pas que cela se reproduise", a-t-elle déclaré.

L’UE a déclaré qu’elle permettrait aux Etats africains de protéger les marchés sensibles et donnerait à la région au moins 10 ans pour s’adapter au plan industriel avant de commencer à concurrencer ses producteurs.

"L’UE a également accepté de s’assurer qu’il n’y ait de subventions à l’exportation sur les produits quand l’Afrique supprimerait ses taxes, ainsi le Kenya et les autres économies de la région ne seront pas en concurrence avec des produits européens subventionnés", a souligné M. Rouse.


 source: Afrique en ligne