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Nouvelle stratégie de la société civile : Pour l’implication des politiques dans les négociations

Plusieurs centaines de personnes de la diaspora africaine en Europe et d’ONG ont manifesté contre les Accords de partenariat économique, des accords de libre-échange en préparation avec Bruxelles et qui devaient succéder aux accords Afrique-Caraïbes-Pacifique le 31 décembre 2008. (Photo : AFP)

Le Quotidien | 02-11-2009

Nouvelle stratégie de la société civile : Pour l’implication des politiques dans les négociations

Le travail technique sur les Accords de partenariat économique (Ape) étant terminé, la société civile sénégalaise veut pousser les politiques à une meilleure implication afin de porter leur combat. La date choisie pour lancer un tel appel n’était pas fortuite. En effet, c’était ce 30 octobre que devaient être signés les Ape. Mais rien n’a été fait. Par Safiétou KANE

Les négociations des Ape ont été techniques pendant plusieurs années et menées par la société civile. Peu impliqués dans le processus jusqu’à la fin de 2007, les politiques ont pris conscience de l’enjeu de la signature de ces accords, avec la décision du Président Wade de dire «non ! je ne signe pas l’accord parce qu’il n’est pas bon». Ce qui a déclenché un mouvement politique qui a permis de réorienter le débat et les objectifs de l’accord qui n’était qu’un accord commercial, jusqu’à la fin 2007. Aujourd’hui, Enda Tiers monde, membre de la société civile essaie de rejouer le même scénario avec les politiques en organisant une rencontre sur les Ape avec les parlementaires.

Auparavant, des chantiers ont été entamés dans la région Afrique de l’ouest, comme celui de l’intégration. Aussi, la liste des produits sensibles qui devaient être la base pour faire une offre aux pays européens a été terminée. Ensuite, il fallait adopter un tarif extérieur commun qui existe maintenant. Le troisième chantier, c’est l’Ape au développement. Le docteur Cheikh Tidiane Dièye explique que «les mandats confiés aux experts ont été exécutés. Ce qui a permis à l’Afrique de l’ouest contrairement à ce qui se passait, de pouvoir mettre sur la table des choses concrètes. Des propositions de négociations».

Sur la base de ces propositions, les négociations ont été poursuivies mais «ne sont pas acceptées par l’Union européenne. La plupart des demandes sont rejetées. D’un autre côté l’Union européenne essaie d’introduire dans l’accord des dispositions qui n’arrangent pas l’Afrique de l’ouest ; ce que ce dernier refuse. Et on est dans cette situation depuis janvier 2008. Cela va faire maintenant deux ans de négociations que l’on est dans ce jeu de va-et-vient, d’offres et de rejets», explique Dr Dièye en marge de la manifestation. C’est ainsi qu’ils ont voulu changer de stratégie. Le travail technique étant terminé, «nous voulons revenir au niveau politique».

Avec l’offre d’accès aux marchés de 60%, l’Afrique de l’ouest est passée à plus de 66,4% de taux de libéralisation projeté. «Tout le temps qu’on a été, nous avons attendu un signal de l’Union européenne qui ne vient pas.» Alors que l’Europe reste sur ses 80%, «ce sont les autorités politiques qui peuvent prendre la décision de dire stop, on a fait plus de 66, 4% de libéralisation, on ne bouge plus, on stabilise l’offre et on trace une ligne rouge, c’est tout ce qu’on veut». Un mouvement qui doit être enclenché en Afrique de l’ouest, et le Sénégal est un espace où les autorités sénégalaises assument encore ce leadership. Et de dire : «nous ne voulons pas un Ape parce que ce n’était pas pour le développement, et maintenant que nous avons un Ape de développement ; si nous dépassons 66,4%, ce n’est pas un Ape de développement. Stop ! C’est ce qu’on cherche. La nouvelle stratégie, c’est amener les autorités à dire aux négociateurs arrêtez ce que vous êtes en train de faire. Si l’Europe accepte, c’est tant mieux, si elle n’accepte pas il n’y aura pas d’Ape.»

Et d’un autre côté, pousser l’Union européenne pour qu’elle accepte de financer le programme de l’Ape pour le développement à hauteur de 9,5 milliards d’euros. Pour cela, il faut qu’elle prenne l’engagement de chercher des ressources additionnelles. Les instruments classiques des accords de Cotonou ne peuvent générer que 600 millions d’euros.

Pour les prochaines étapes concernant les Ape, il y a une session de négociations des experts et des hauts fonctionnaires à Abidjan en novembre. En décembre, l’Afrique de l’ouest va organiser un comité ministériel de suivi pour essayer de donner un mandat politique. Ceci déterminera la prochaine étape, le prochain délai pour la signature.


 source: Le Quotidien