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Tokyo et Washington signent un accord commercial limité

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Les Echos | 26 septembre 2019

Tokyo et Washington signent un accord commercial limité

Par Yann Rousseau

Jusqu’au dernier moment, les négociateurs auront réussi à résister à la pression américaine. Alors que Donald Trump se plaint, depuis son arrivée au pouvoir, du large déficit commercial enregistré par les Etats-Unis vis-à-vis du Japon et réclame un rééquilibrage brutal de leurs échanges, son administration n’a obtenu que des concessions limitées du gouvernement nippon qui refusait l’idée d’un grand accord bilatéral .

Après des mois de tractations, le président américain et Shinzo Abe, le Premier ministre nippon, ont signé, mercredi soir à New York, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, un texte essentiellement centré sur l’agriculture. Et pour obtenir cette signature, la Maison Blanche a dû promettre qu’elle n’augmenterait pas cette année, comme elle avait menacé de le faire, ses taxes sur les importations de véhicules et de composants automobiles « Made in Japan ».

Donald Trump avait envisagé d’imposer, dans les prochaines semaines, des droits de douane de 25 % sur les voitures japonaises, ce qui aurait fragilisé une économie nippone déjà inquiète du ralentissement chinois et de la détérioration de ses échanges avec la Corée du Sud. « Il a été fermement confirmé qu’aucun tarif douanier supplémentaire ne serait imposé », a martelé Shinzo Abe.

Une « immense victoire »

Pour contenter Donald Trump, le Japon a accepté de diminuer les tarifs douaniers à hauteur de 7 milliards de dollars pour les biens agricoles américains, incluant le boeuf et le porc, mais aussi les amandes ou le brocoli. Les taxes vont aussi baisser progressivement sur les vins et les fromages « Made in USA ». « C’est une immense victoire pour nos fermiers et nos éleveurs », s’est enthousiasmé le président américain.

Tokyo a globalement aligné les tarifs appliqués aux marchandises américaines sur ceux accordés aux produits des pays membres du partenariat transpacifique, le TPP. Ce grand pacte commercial avait été initialement négocié et validé par les Etats-Unis avec onze autres nations, dont le Japon. Mais Donald Trump l’avait dénoncé , sans vraiment expliquer son geste, dans les jours qui avaient suivi son arrivée à la Maison Blanche, au grand désespoir de ses agriculteurs. Dans les mois qui avaient suivi, ceux-ci avaient vu leurs parts de marché fondre au Japon. Et depuis, l’équipe de Trump cherchait à réparer cet impair et à calmer le mécontentement des lobbies agricoles, qui doivent parallèlement encaisser la détérioration des échanges avec la Chine.

En retour des concessions nippones, Washington a consenti à baisser les droits de douane sur les biens agricoles japonais tels que le thé vert, le boeuf et la sauce soja à hauteur de 40 millions et de diminuer aussi les tarifs douaniers sur les chewing-gums, certaines fleurs ou encore des composants pour vélo.

Une étape

Les deux gouvernements se disent ravis de cet accord. Mais les négociateurs américains assurent qu’il n’est qu’une étape avant des pourparlers sur un pacte beaucoup plus ambitieux, couvrant plus de marchandises.

En 2018, les Etats-Unis avaient exporté pour 75 milliards de dollars de marchandises vers le Japon mais avaient importé pour 142 milliards de produits japonais, générant un déficit commercial de 67 milliards. Au cours de cette année-là, les constructeurs automobiles japonais, qui disposent aussi de nombreuses usines sur le sol américain, avaient exporté pour 51 milliards de dollars de voitures vers les Etats-Unis.


 source: Les Echos