Traité avec le Mercosur : "non" des députés français, la Pologne y est aussi désormais opposée
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France 24 | 26 novembre 2024
Traité avec le Mercosur : "non" des députés français, la Pologne y est aussi désormais opposée
Le gouvernement français a salué mardi "un mandat démocratique" après un vote de l’Assemblée nationale approuvant l’opposition de la France au traité de libre-échange entre l’UE et le Mercosur. Paris sort également de son isolement en obtenant le soutien de la Pologne, qui vient d’officialiser son refus de l’accord en l’état.
L’union sacrée contre le traité avec le Mercosur ? L’Assemblée nationale a affiché mardi 26 novembre son soutien au gouvernement français dans son opposition au projet d’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur tel qu’il est envisagé par la Commission européenne. Une position également endossée par la Pologne qui vient d’officialiser son refus de l’accord en l’état.
Par 484 voix contre et 70 pour, les députés ont approuvé – par un vote non contraignant – la position du gouvernement dans ces négociations. Ce résultat donne à l’exécutif un "mandat démocratique" qui va renforcer sa "légitimité pour défendre la voix du ’non’ auprès de la Commission et du Conseil européen", s’est félicitée la ministre du Commerce extérieur, Sophie Primas. Un vote du Sénat sur le même sujet est attendu mercredi.
"Dans les conditions actuelles", ce projet d’accord entre l’UE et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) ne garantit pas des "conditions de concurrence loyales pour nos agriculteurs", a souligné devant les députés la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard.
Pendant le long débat consacré à ce sujet inflammable, tous les groupes politiques, sans exception, ont exprimé leur rejet de l’accord commercial, mais avec des nuances. Ainsi, les députés du "socle commun" ont soutenu la position du gouvernement selon lequel l’accord pourrait être amendé, car il ne faut pas "s’opposer par anticipation et par principe à tout accord de libre-échange", comme l’a résumé Annie Genevard.
"Des actions diplomatiques en cours pour constituer une minorité" de blocage
D’autres, notamment les élus insoumis et écologistes, ont insisté sur leur refus de tout accord, quel qu’il soit, "ni aujourd’hui ni demain", comme l’a dit l’écologiste Marie Pochon. "Il n’y a pas de bon accord UE-Mercosur possible", a également martelé Arnaud Le Gall (LFI).
La France n’est en tout cas plus seule dans son refus : le gouvernement polonais a adopté mardi une résolution proclamant que Varsovie n’accepterait pas l’accord "sous cette forme", notamment en raison de "l’inquiétude pour les agriculteurs polonais et la sécurité alimentaire".
"Des actions diplomatiques sont en cours pour constituer une minorité qui empêchera l’entrée en vigueur de l’accord", a souligné le vice-Premier ministre, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz.
En France, parallèlement aux avancées politiques, les agriculteurs ont continué mardi à multiplier leurs actions sur le terrain à Strasbourg, dans le Gers ou encore à Perpignan où une centaine d’agriculteurs vêtus de noir ont défilé derrière un cercueil, jusqu’à la préfecture.
Agriculteurs en ordre dispersé
De son côté, l’alliance majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs a lancé partout en France de nouvelles actions jusqu’à jeudi, visant "tout ce qui entrave la vie des agriculteurs", notamment les administrations (préfectures, agences de l’eau, etc.), a précisé sur France 2 le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau.
À la mi-journée, quelque 660 agriculteurs menaient une vingtaine d’actions dans 15 départements, selon le dernier bilan des autorités, qui évoque notamment des rassemblements à Rouen (Seine-Maritime) ou Laon (Aisne), un barrage filtrant à Poitiers et des opérations sur des plateformes logistiques de supermarchés comme à Saint-Quentin-Fallavier (Isère).
Moins d’un an après une mobilisation historique, les agriculteurs estiment n’avoir pas obtenu suffisamment d’avancées concrètes.
Si les deux premiers syndicats partagent des revendications – comme de pouvoir utiliser des pesticides aujourd’hui autorisés en Europe et interdits en France du fait de leur toxicité –, ils occupent le terrain en ordre dispersé et dans un climat tendu à quelques semaines de leurs élections professionnelles.
Avec AFP