Traité de libre-échange avec le Mercosur: la France prête à aller au clash avec Bruxelles
BFM | 17 avril 2025
Traité de libre-échange avec le Mercosur: la France prête à aller au clash avec Bruxelles
par Raphaël Legendre
LES OFF DE LEGENDRE. Le traité de libre-échange avec l’Amérique est en cours de traduction. Le Parlement européen devrait le voter à l’automne. Paris estime que ses lignes rouges n’ont pas été respectées.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est très active en ce moment sur le front des accords de libre-échange. Pour compenser la tornade Trump, elle tente d’accélérer la signature de près d’une dizaine de traités commerciaux avec d’autres zones du monde.
Mais il y a un texte qui a fait couler beaucoup d’encre en France, et que la présidente de l’exécutif bruxellois estime désormais acquis: c’est l’accord avec le Mercosur, en Amérique latine.
Elle l’a signé à Montevideo le 6 décembre. Le texte doit maintenant être traduit dans toutes les langues officielles de l’UE —une tâche qui prendra environ six mois. Durant cette période, les États membres peuvent amender le texte, mais uniquement de manière marginale. Et d’après ce que me confiait un ministre de premier plan cette semaine, la France n’en est pas encore là, elle qui a lutté férocement contre ce traité pour protéger son agriculture.
"On est à la moitié des six mois, il y aura probablement un vote au Parlement à la rentrée, en septembre ou octobre… Mais la Commission s’est assise sur nos lignes rouges pour l’instant", indique une source gouvernementale.
La France compte bien en faire un casus belli
Si Paris est d’accord avec 80% du texte, il n’est pas question de céder sur les clauses miroirs pour le secteur agricole —à la fois sur l’élevage et sur les normes environnementales, notamment en ce qui concerne l’empreinte carbone des producteurs.
"On ne changera pas de position, mais je veux qu’on change de calendrier", affirme le ministre cité précédemment. "Je souhaite remettre en route l’accord, mais pas aux conditions actuelles."
On se dirige donc vers un clash entre Paris et Bruxelles dans les prochaines semaines. Son intensité dépendra du nombre d’États membres que la France pourra rallier à sa cause.
Une petite dizaine de pays ont émis des réserves —Pologne, Belgique, Italie, Pays-Bas, un peu l’Autriche et la Bulgarie— mais sans forcément vouloir monter au front.