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Accord de libre-échange tuniso-américain: Evolution à pas de tortue

Development Export Consulting | Jeudi 3 mai 2006

Accord de libre-échange tuniso-américain: Evolution à pas de tortue

La Tunisie a choisi l’ouverture au commerce extérieur comme politique stratégique du développement et comme pierre angulaire de la croissance économique et sociale.

Et compte-tenu des défis futurs et des pressions qui pèsent sur le schémas de développement à moyen et long terme dont notamment l’élargissement du marché de l’Union Européenne -notre partenaire traditionnel- la Tunisie opte de plus en plus pour une diversification des partenaires commerciaux et pour un élargissement du champ de coopération autour des quatre coins du monde.

Trouver de nouveaux débouchés, attirer davantage d’Investissements Directs Etrangers et alléger le déficit de la balance commerciale, tels sont les principaux objectifs assignés à la libéralisation des échanges aux yeux des protagonistes de l’ouverture.

Les Etats-Unis d’Amérique constituent l’un des partenaires économiques de la Tunisie. Une coopération qui date de 50 ans, mais elle tarde à trouver la bonne voie et à réaliser les objectifs escomptés par l’accord-cadre sur le commerce et l’investissement (TIFA) signé en 2002.

Les intervenants à une table ronde de « Dar Assabah »*, récemment organisé par DEFI Médias en collaboration avec l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique, ont débattu de l’état des lieux de la coopération économique tuniso-américaine et des perspectives de partenariat prometteuses entre les deux parties.

Faiblesse des échanges et des flux d’investissements

Au terme de l’année 2006, les exportations tunisiennes vers la première puissance mondiale n’a pas excédé les 181,2 MDT contre un volume d’importations de 571,8 MDT, soit un taux de couverture de 31,7%. Mais en dépit d’un volume insignifiant, les termes des échanges suivent une courbe ascendante. Les USA sont le 11ème client et le 7ème fournisseur commercial de la Tunisie avec des parts respectifs de 1,18% et de 2,9% du total des échanges commerciaux avec l’extérieur.

Les flux d’investissements n’ont pas fait pas mieux. Seulement, 59 entreprises américaines ou mixtes sont implantées en Tunisie dont 41 totalement exportatrices. Le total des investissements mobilisé par ces entreprises n’a pas dépassé les 390,4 MDT générant 11359 emplois.

Le secteur de l’énergie accapare la part du lion dans les investissements américains. L’enveloppe d’investissement allouée en 2006 au profit du secteur de l’énergie a atteint 75,7 MDT contre 117,2 MDT six ans auparavant.

Ainsi et depuis le premier accord-cadre de coopération économique et technique signé le 26 mars 1957 jusqu’à l’accord de coopération scientifique et technologique dans le domaine de la recherche scientifique signé le 22 juin 2004, il semble que les échanges commerciaux et les flux d’investissements tuniso-américains n’aient pas considérablement bougé.

Pis encore, selon les observateurs, le déficit commercial avec les USA coûte 500 MDT (demi-milliard de dinars) sur la balance de paiement tunisienne, soit 70% du déficit de nos opérations courantes avec l’extérieur. Même les entrées de capitaux n’arrivent pas à compenser le déficit de la balance de paiement. Les investissements directs étrangers américains réalisés en Tunisie au cours de la période 1997-2006 totalisent un volume de 793,3 MDT dont près de 50% destinés au secteur de l’énergie. A signaler que 81 MDT d’IDE ont été réalisé par les investisseurs américains en 2006.

D’après cette rétrospective, les relations économique et commerciale entre les deux parties tardent à décoller et ce malgré l’antériorité du cadre juridique régissant la coopération bilatérale tuniso-américaine et l’entrée en vigueur en 2002 de l’accord-cadre sur le commerce et l’investissement (TIFA) préparant le terrain propice à l’établissement d’un accord bilatéral de libre-échange tuniso-américain et d’une zone de libre échange USA Moyen-Orient d’ici 2013.

L’accord TIFA s’inscrivait dans le cadre de la consolidation de la coopération économique entre la Tunisie et les Etats-Unis d’Amérique en matière de commerce et d’investissement. L’objectif de l’accord est de crééer un conseil conjoint sur le commerce et l’investissement ayant pour mission d’examiner les freins et les obstacles qui entravent les flux des échanges commerciaux et le développemement des investissements entre les deux pays.

Le droit de la propriété intellectuelle une condition nécessaire au libre-échange

Les obstacles revêtent essentiellement un caractérère strcturel et culturel. La distance, les différences de cultures, le problème de transport, la méconnaissance mutuelle des deux marchés, les divergences des structures économique et sociale des deux pays et l’incompatibilté des normes légales et techniques élargissent le fossé entre les deux parties expliquent le retard observé au niveau des échanges et des flux d’investissement. Nous parlons de deux économies totalement dissemblables, où il semble difficile de joindre les intérêts des deux parties. Les Etats-Unis d’Amérique misent sur l’ouverture des échanges avec le monde arabe pour garantir la sécurité nationale du pays dans une période critique de lutte anti-terroristme. La politique commerciale des USA sert ses objectifs de sécurité.

Pour la Tunisie, le libre-échange et l’ouverture des frontières constituent une source créatrice de nouvelles ressources nécessaires au financement de l’économie dans sa phase transitoire vers une économie de marché.

L’établissement d’un accord bilatéral de libre-échange doit nécessairement répondre aux besoins des deux parties et non pas favoriser les intérêts des uns au détriment des autres.

La préservation du droit de la propriété intelectuelle est l’une des principales conditions favorisant le libre-échange tuniso-américain. Un point jugé extrêmement sensible qui entrave la coopération bilatérale. Les investisseurs américains cherchent à protéger leurs brevets d’inventions et à trouver toutes les facilités administratives, financières et autres favorisant l’implantation d’entreprises .

L’établissement d’un accord de libre-échange tuniso-américain n’est toujours pas pour demain, mais son éventuelle mise en œuvre invite toutes les parties prenantes à un examen en profondeur des forces et des faiblesses d’un tel accord de manière à jeter les bases d’une coopération « win-win » et d’éviter les conflits d’intérêts. Après une première expérience d’un accord de libre-échange euro-méditerranéen qui n’a pas pleinement porté ses fruits, certains opérateurs économiques privés demeurent réticents quant à l’éventuelle signature d’un accord de libre-échange tuniso-américain alors que d’autres sont plutôt favorables. Seule la convergence entre les intérêts des uns et des autres est garante d’un accord potentiellement bénéfique et déterminante de l’aboutissement du processus de libre-échange.

* Un supplément consacré à cette table-ronde est en cours d’élaboration et paraîtra bientôt accompagnant nos deux supports « Le Temps » et « Assabah »


 source: Development Export Consulting