Accords de libre échange, Faire entendre notre voix paysanne
Campagnes solidaires | dossier | avril 2008
Accords de libre échange, Faire entendre notre voix paysanne
Alena, ZLEA, APE [1]...accords, traités, « partenariats »... Les noms changent, mais le règne sans partage du commerce est en œuvre partout dans le monde. Si l’OMC (Organisation mondiale du commerce) fait du surplace, emmêlée dans ses propres incohérences, le ver est dans le fruit. Partout, l’idéologie capitaliste vante à l’envi les vertus supposées du libre commerce.
La théorie est simple, voire simpliste : démanteler les barrières tarifaires pour augmenter le volume des échanges, donc des profits dans le but d’assurer croissance économique et développement. On oublie que le marché ne répond qu’aux critères quantitatifs. Politiques de répartition des richesses, fiscalité, protection sociale, droit du travail, sont relégués comme autant d’obstacles à la sacro-sainte croissance. À l’occasion des voyages présidentiels, les contrats signés au nom du réalisme économique renvoient à leurs chères études quelques esprits chagrins soucieux du respect des droits de l’homme.
Hélas, quand on arrose une fraction de la population de richesses, il n’y a pas d’infiltration, la tâche humide ne s’étend pas à l’ensemble du peuple. L’histoire répète que la fracture sociale s’agrandit. Un certain Jacques l’avait compris, c’est dire qu’on parle d’évidences !
C’est d’abord la fracture entre le Nord et le Sud qui nous oblige à dénoncer les accords de « partenariat » entre l’Union européenne et les pays africains. L’échange inégal impose le pillage des produits agricoles non transformés (cacao, café, coton, arachide, caoutchouc, poisson...) et facilite l’accès aux ressources naturelles pour les multinationales (pétrole, métaux, eau, biodiversité...). Un grand jeu de Monopoly est engagé entre les États-Unis, l’Europe, mais aussi la Chine, le Japon, l’Inde, le Brésil, l’Australie.
Dans toutes négociations, politiques ou commerciales, il y a des gains et des pertes. Les pertes touchent les secteurs économiques en déclin, ringards, passéistes, condamnés d’avance par la marche inéluctable du progrès sur l’autel de la modernité et de la croissance. C’est d’autant plus facile que les travailleurs concernés sont déjà marginalisés dans la société par des revenus précaires et un accès difficile aux grands médias. On y retrouve, pêle-mêle les industries lourdes, la sidérurgie, les chantiers navals, le textile, la pêche artisanale, ...et la production agricole.
En Europe, l’agriculture est une monnaie d’échange dans le grand marchandage mondial. Depuis longtemps, l’industrie agroalimentaire privilégie les prix les plus bas du marché. Nous avons tout à craindre de la multiplication de ces accords négociés dans les coulisses opaques de la Commission européenne. Il est grand temps de faire le point sur ce que nous en savons aujourd’hui, d’apprendre à décrypter ce qui se trame en grand secret, de faire le lien avec les autres travailleurs menacés, puisque dans la plupart des cas, c’est nous qui paierons la facture. Pour cela, faisons entendre notre voix paysanne.
Claude Girod,
paysanne en Saône-et-Loire
Footnotes:
[1] Alena : accord de libre échange de l’Amérique du Nord ; ZLEA : zone de libre-échange des Amériques ; APE : accords de partenariats économiques.