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APE : Un rapport qui conforte les frondeurs

Le Pays (Ouagadougou) | mardi 8 juillet 2008.

APE : Un rapport qui conforte les frondeurs

Le député français originaire de la Guyane, Christine Taubira, n’a pas failli à sa réputation de défenseur des grandes causes. Sollicitée par Nicolas Sarkozy pour rédiger un rapport sur les Accords de partenariat économique (APE), elle a encore marqué son engagement par le ton de son discours. Elle a en effet embouché la trompette de ceux qui estiment que ces accords sont un marché de dupes duquel l’Afrique ne sort que perdante.

De quoi revigorer tous les activistes anti-APE qui semblent assoupis. Des brèches se sont opérées au sein des pays africains, du fait d’un travail de sape de l’Union européenne. Les organisations de la société civile se font depuis lors peu entendre, en attendant de voir la suite des événements.

La tendance générale au niveau des Etats est certes à la signature des accords dont la date butoir est fixée à octobre 2009. Mais avec ce soutien implicite d’une élue française, qui révèle les failles des APE, les pays africains peuvent exiger d’être mieux traités. Taubira dénonce sans détour le libéralisme tous azimuts dont les APE sont un des reflets. Pour elle, la politique économique européenne a rendu l’Afrique dépendante et les APE, dans leur formule actuelle, ne feront que perpétuer ces rapports inégaux. Si ce discours fait l’affaire de ceux qui se montrent sceptiques vis-à-vis de la nouvelle relation économique que l’Europe veut instaurer avec l’Afrique, il embarrasse à bien des égards Nicolas Sarkozy, le commanditaire du rapport.

Contrairement au rapport sur l’audiovisuel, le document de Taubira a été réceptionné en toute discrétion. En outre, le président n’a fait aucun commentaire officiel sur le travail réalisé. Un silence interprété par certains comme une sorte d’enterrement d’un rapport qui ne convient pas à la vision du président français. Sarkozy, président de droite, s’attendait-il à une apologie des APE de la part d’un député de gauche ? Si tel est le cas, il s’est lourdement trompé, en croyant convertir Taubira à ses convictions politiques, comme il l’a fait avec d’autres socialistes. En définitive, Sarkozy s’est fait prendre à son propre jeu, si d’aventure il se trouve que les termes du rapport ne lui conviennent pas.

En tout état de cause, il doit se prononcer sur les APE, au moment où il prend la présidence de l’Union européenne pour six mois. Pour marquer positivement ce mandat, il devra plaider pour l’Afrique, dissiper tous les doutes qui continuent d’assaillir bien des Africains, sur la vraie nature des APE. Et c’est à l’aune de la direction que la France insufflera aux APE que l’on saura si le rapport Taubira a été jeté aux oubliettes ou non.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays


 source: LeFasoNet