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« Cela pourrait aller jusqu’à Bruxelles » : pourquoi l’accord du Mercosur ravive le mécontentement agricole

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Le Parisien | 22 octobre 2024

« Cela pourrait aller jusqu’à Bruxelles » : pourquoi l’accord du Mercosur ravive le mécontentement agricole

Par Théo Uhart

Vers un nouvel hiver de colère agricole ? La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) ont donné rendez-vous à la mi-novembre pour une nouvelle mobilisation nationale du monde agricole. Cette annonce intervient un peu moins d’un an après le début de l’important mouvement de contestation, qui avait mis en lumière la profondeur du mal-être agricole.

« Ce qui vient faire déborder le vase, c’est le sujet du Mercosur. C’est une ultime défiance aux agriculteurs », attaque le patron des JA, Pierrick Horel. Cet accord de libre-échange entre l’Union européenne et l’Amérique du Sud pourrait être ratifié par Bruxelles mi-novembre, malgré l’opposition du gouvernement français. « C’est le retour de l’incohérence européenne », cingle Arnaud Rousseau. Le président de la FNSEA dénonce un revirement de la position de la Commission après les élections du 9 juin.

« Comment accepter de la viande nourrie aux hormones ? »

« Comment accepter de la viande nourrie aux hormones ? De la volaille produite avec des accélérateurs de croissance ? Comment imposer aux consommateurs européens une alimentation qu’on se refuse à produire en Europe ? » enfonce Arnaud Rousseau. Les deux syndicats s’opposent notamment à l’idée d’un dédommagement promis par la Commission aux agriculteurs tricolores en échange de la signature de Paris.

« Ça ne vient pas de nulle part, assure une source proche de l’exécutif. Le gouvernement a toujours été sur la même ligne : il faut des clauses miroirs. » Ces dispositions imposeraient aux importations les règles de production en vigueur en France.

Du côté des autres syndicats, on accueille avec circonspection la position de la FNSEA. « On n’a jamais cessé d’être mobilisés alors que la FNSEA a rangé ses tracteurs par deux fois », fustige la porte-parole de la Confédération paysanne, Laurence Marandola, qui appelle à une réponse structurelle avec des « prix minimums ».

Des contestations locales ont par ailleurs déjà eu lieu ces dernières semaines dans plusieurs départements, notamment en Occitanie, d’où était parti le mouvement de contestation l’hiver dernier.

« Cela pourrait aller jusqu’à Bruxelles »

Récoltes en chute libre, multiplication des foyers de fièvre catarrhale ovine, intempéries… La saison a été particulièrement difficile et tous les syndicats tardent à voir se traduire concrètement les promesses faites par le gouvernement Attal il y a douze mois. « La parole de l’État est tenue, assure le gouvernement actuel. On fait au maximum et au plus vite. Le fonds d’urgence de 75 millions d’euros [annoncé par Michel Barnier pour les éleveurs] est en train de se déployer. Sur les aides à la trésorerie et le contrôle unique, on va atterrir très vite. »

Si ni la date exacte ni la forme de la mobilisation de novembre n’ont encore été arrêtées, Pierrick Horel indique que « cela pourrait aller jusqu’à Bruxelles ». « J’aurais préféré qu’ils annoncent qu’ils partaient demain. Le 15 novembre, c’est trop tard », juge Virginie Le Floc’h, présidente de la Coordination rurale, qui assure que ses adhérents, « déjà mobilisés, gonfleront les rangs des cortèges si la FNSEA veut bien de nous ».

« Dès que le travail des champs sera terminé, on passera au travail politique », promet Horel. Une contestation qui interviendra aussi à deux mois des élections agricoles de janvier 2025.


 source: Le Parisien