Donald Trump et Mark Carney ont discuté de libre-échange
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Le Devoir | 7 mai 2025
Donald Trump et Mark Carney ont discuté de libre-échange
par Alex Fontaine
L’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) était au menu des discussions entre le premier ministre canadien, Mark Carney, et le président américain, Donald Trump, lors de leur rencontre de mardi. Les deux dirigeants ont ouvert la porte à une renégociation rapide de l’accord de libre-échange.
M. Trump s’est souvent montré très critique à l’endroit de l’ACEUM, qu’il a pourtant lui-même signé en 2020. À ses yeux, si l’entente n’est pas parfaite, elle est tout de même bien meilleure que son prédécesseur, l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) — « peut-être le pire accord commercial de l’histoire », a-t-il dit devant les journalistes présents dans le Bureau ovale.
À la question lui demandant si l’ACEUM était « mort », le président a répondu par la négative. « C’était et c’est toujours [un accord] très efficace, mais les gens doivent s’y conformer. Ç’a été un problème, des gens ne s’y sont pas conformés. » En conséquence, l’entente sera renégociée « très prochainement », a indiqué le président Trump, rappelant que des pourparlers sont déjà prévus l’an prochain.
Il a aussi minimisé l’éventualité que les Canadiens boudent les produits américains pour se tourner vers ceux d’autres pays en raison de la guerre commerciale. « On fait peu affaire avec les Canadiens, ils font des affaires avec nous », a-t-il affirmé, bien que le Canada soit le principal marché d’exportation de quelque 34 États américains.
Il a plaidé pour une plus grande production de biens aux États-Unis. « On veut faire nos propres voitures. On ne veut pas vraiment de voitures faites au Canada. » Idem pour l’acier et l’aluminium, tous des produits sujets à des tarifs. « On veut pouvoir le faire par nous-mêmes », a dit M. Trump, qui a de nouveau assimilé le déficit commercial des États-Unis par rapport au Canada à une « subvention ».
Un déficit commercial signifie plutôt que la valeur des importations d’un pays depuis un autre dépasse la valeur de ses exportations à destination de ce même pays.
Assis aux côtés du président américain, le premier ministre Mark Carney est intervenu en précisant que l’ACEUM offrait une base à partir de laquelle entreprendre des négociations plus larges. « Certaines choses devront changer », a-t-il déclaré.
« On a fait des progrès », assure Carney
Est-ce qu’il y a une chose que pourrait dire M. Carney pour faire reculer le président sur les tarifs imposés à différents produits canadiens ? « Non », a répondu simplement M. Trump.
Une réponse qui n’a pas surpris le premier ministre, selon qui « il n’y a pas une initiative canadienne qui peut changer cette situation ». « C’est la raison pour laquelle il faut avoir des discussions globales » sur plusieurs enjeux, notamment en matière d’économie et de sécurité, a-t-il précisé en conférence de presse à l’ambassade du Canada à Washington après sa rencontre avec le président Trump.
Le premier ministre Carney a confirmé avoir discuté avec Donald Trump d’une éventuelle renégociation de l’accord de libre-échange et a laissé savoir que des représentants des gouvernements canadien et américain feraient un suivi à ce sujet dans les semaines à venir.
« Nous avons commencé la renégociation de nos relations commerciales », a affirmé Mark Carney. « On a fait des progrès » en matière de commerce, soutient-il, évitant toutefois de donner des exemples concrets. Une réserve normale dans le cadre du processus de négociation, selon lui. « Nous avons eu des échanges très tangibles », et ils se poursuivront lors du sommet du G7 prévu en juin à Kananaskis, en Alberta, a-t-il dit.
Quant à l’industrie automobile canadienne, elle « joue un rôle important en rehaussant le niveau de compétitivité des entreprises automobiles américaines », selon M. Carney. C’est l’argument qu’il compte continuer à mettre de l’avant pour défendre le secteur au Canada.