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Inde, Thaïlande, Australie: ces autres accords commerciaux actuellement négociés par l’UE

BFM | 24 novembre 2024

Inde, Thaïlande, Australie: ces autres accords commerciaux actuellement négociés par l’UE

par Jérémy Bruno

Si le dossier du Mercosur occupe le devant de la scène, d’autres accords commerciaux sont également négociés par l’Union européenne.

L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur chahute les États membres, entre les partisans convaincus d’une adoption rapide et ses détracteurs, au premier plan desquels la France, qui tente d’empêcher sa signature prochaine pour calmer la colère de ses agriculteurs. Au-delà du dossier brûlant de l’Amérique latine, le Vieux continent n’en est pourtant pas à son coup d’essai: les Européens ont déjà signé une quarantaine d’accords commerciaux couvrant, à l’heure actuelle, un peu plus de 70 pays dans le monde.

L’un des derniers exemples en date, le large traité CETA avec le Canada qui s’applique provisoirement depuis 2017 en attendant une ratification définitive, n’a pas eu la vie facile non plus. D’autres accords commerciaux, assortis d’une dimension politique plus ou moins importante, sont également entrés en vigueur dans la dernière décennie, avec la Corée du Sud (2015), le Japon (2019), la cité-État de Singapour (2019), le Vietnam (2020) ou la Nouvelle-Zélande (2024). Et certains pays patientent encore à la table des négociations, en particulier du côté de l’Asie-Pacifique.

• Inde

Entre l’Inde et l’Union européenne, c’est un peu "oui, mais non" depuis une vingtaine d’années. Le coup d’envoi des négociations en vue d’un traité de libre-échange avait été donné en 2007, mais les discussions, compliquées, avaient été suspendues dès 2013. En 2021, lors d’un sommet à Porto, les Indiens et les Européens se sont donné une seconde chance en relançant les négociations sur un accord de libre-échange, y ajoutant en même temps un deuxième accord sur la protection des investissements et un troisième accord sur la protection des indications géographiques.

Mais, une nouvelle fois, les discussions patinent entre l’Inde et l’Union européenne. Les deux parties peinent à s’entendre sur les denrées agricoles, les produits industriels ou la propriété intellectuelle, d’autant plus que l’Inde est un pays particulièrement protectionniste. "Les divergences […] sont très importantes et le déséquilibre entre un niveau politique indien qui affiche son ouverture et des négociateurs ancrés sur les positions de 2013 ne permet pas de pronostiquer des progrès rapides et notables", soulignait une note de la Direction générale du Trésor en mars 2023.

• Thaïlande, Philippines, Indonésie

Dans les années 2000, des discussions avaient été amorcées entre l’Union européenne et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), qui regroupe une dizaine de pays asiatiques, parmi lesquels le Vietnam, l’Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande. Faute d’avancées concrètes, les Européens avaient finalement préféré négocier des accords bilatéraux séparés avec les différents pays concernés, l’un après l’autre. Après Singapour, un accord de libre-échange avec le Vietnam est entré en vigueur en 2020: il supprimera 99% des droits de douane sur les biens d’ici à 2030.

Des discussions ont été récemment relancées avec la Thaïlande –mises en route en 2013, elles avaient été suspendues dès l’année suivante en raison du putsch militaire dans le pays. La Commission européenne s’est réjouie de "discussions constructives" à l’issue du troisième cycle de négociations au mois de juin dernier. Un nouveau round est prévu la semaine prochaine à Bangkok. En parallèle, des négociations sont menées avec les Philippines depuis 2015 et avec l’Indonésie depuis 2016. Les négociations avec la Malaisie, elles, ont été interrompues en 2012.

• Australie

En 2018, les États membres de l’UE avaient donné leur feu vert à l’ouverture de négociations avec la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Dans le premier cas, le dossier a avancé sans encombre et s’est conclu par l’entrée en vigueur d’un accord de libre-échange au 1er mai 2024, supprimant ou réduisant considérablement les droits de douane entre l’UE et l’archipel océanien. Dans le second cas, le chemin est plus caillouteux. L’UE et l’Australie ont échoué à trouver un terrain d’entente jusqu’à présent, Canberra ayant même annoncé se retirer des négociations en octobre 2023.

Pour l’heure, aucune reprise des discussions n’approche à l’horizon. De même qu’avec les pays du Mercosur, les productions agricoles australiennes (sucre et viande de bœuf, entre autres) suscitent une certaine méfiance du côté de l’Europe – le point de vue est sensiblement le même en Australie. Les Européens lorgnent néanmoins sur les riches gisements australiens de minéraux stratégiques, nécessaires à la fabrication des éoliennes ou des batteries pour les véhicules électriques, afin de réduire leur dépendance à l’égard de la Chine et de la Russie.


 source: BFM