Le Brésil rêve d’un accord de libre-échange avec l’UE
EurActiv | 11 décembre 2014
Le Brésil rêve d’un accord de libre-échange avec l’UE
Daniela Vincenti
traduit de l’anglais
Le Brésil est très motivé pour ouvrir des négociations bilatérales avec l’UE, alors que le processus du Mercosur est enlisé.
Selon un sondage réalisé par l’organisation EU Brazil, les entreprises internationales estiment qu’un accord de libre-échange avec le Brésil devrait être la priorité de la nouvelle Commission de Jean-Claude Juncker.
Les PDG de 27 grandes entreprises qui font du commerce avec le Brésil et l’UE s’accordent à dire que l’élimination des taxes douanières entre les deux blocs reste importante, mais que les obstacles principaux relèvent à ce stade de la législation.
« Les négociations sur le TTIP entre l’UE et les États-Unis devraient rapidement s’accélérer. Elles devraient permettre la création d’un nouveau système de règles entourant l’investissement et le commerce de biens et services qui sera sans doute imposé au reste du monde », explique le professeur Alfredo Valladão, président du comité consultatif d’EU Brazil et membre de l’Institut d’études politiques de Paris.
« Il est temps que le Brésil et son secteur manufacturier s’impliquent dans le débat, afin que le pays ne soit pas marginalisé par l’émergence extrêmement rapide d’une configuration nouvelle de l’économie mondiale et de ses règles, ce qui serait absolument contraire aux intérêts de Brasilia, mais aussi à ceux de Bruxelles ».
Le processus compliqué d’obtention de permis pour des activités ayant un impact sur l’environnement figure en haut de la liste des obstacles principaux soulignés par les entreprises. Les PDG interrogés mentionnent d’autres problèmes bien connus, dont le manque de transparence des procédures d’adjudication, le manque de prévisibilité réglementaire, les critères d’appel d’offres régionaux, notamment pour les marchés publics, ainsi que les obstacles au commerce de services dans certains secteurs, comme les télécommunications, les assurances et le transport maritime.
« La Commission européenne et le gouvernement brésilien devraient œuvrer de concert pour construire un dialogue permanent afin d’améliorer la législation et donc de renforcer les liens financiers et économiques bilatéraux », estime Luigi Gambardella, président d’EU Brazil.
Mercosur, un dispositif trop lent
La volonté d’établir un système de libre-échange intervient à un moment où le Brésil s’apprête à prendre les rênes du bloc commercial sud-américain, Mercosur, en 2015.
Quinze ans après le début des négociations entre l’UE et le Mercosur, en 1999, les deux parties ont dépassé les délais qu’elles s’étaient fixés pour présenter chacune un programme d’ouverture des marchés qui concernerait 750 millions de personnes et 130 milliards de dollars annuels d’échanges commerciaux.
Après une pause de cinq ans, les négociations ont recommencé en 2004, afin de s’échanger des propositions avant la fin de l’année 2013, un délai qui n’a pas non plus été respecté.
Une fois les propositions de l’UE et du Mercosur sur la table, les négociations auront lieu rapidement et un accord devrait être conclu dans le courant de 2015, estime Juan Fernandez Trigo, ambassadeur de l’UE à Montevideo, selon El Pais.
Les discussions entre les deux blocs sont entravées par l’Argentine, réticente à s’asseoir à la table des négociations, et par son attitude protectionniste de défense de l’industrie domestique et de limitation des importations.
« Une fois que les propositions auront été finalisées, les choses avanceront vite », estime l’ambassadeur. « Les réductions de taxes du projet proposé par le Mercosur seront sans doute similaires aux mesures acceptées en 2010, ce qui signifierait que 90 % des biens échangés ne seront pas taxés. »
À la fin du mois de juillet 2014, quatre des cinq membres du Mercosur, l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay et le Brésil, se sont accordés sur une proposition commune à présenter aux États européens.
Luigi Gambardella avait alors confié dans un commentaire sur EurActiv que, selon lui, les négociations entre le Brésil et l’UE devraient continuer indépendamment du Mercosur.
« Il y a deux possibilités parallèles pour débloquer la situation. La première consiste à élaborer une série d’accords bilatéraux entre l’UE et le Brésil. Ces accords toucheront ’tous les secteurs, sauf le commerce’ : règlementation, normes, la facilitation des échanges, tout l’arsenal des obstacles techniques au commerce et les obstacles non liés à la taxation », écrivait-il.
Tout cela peut avoir lieu en parallèle aux négociations du Mercosur et permettrait au Brésil d’avoir plus d’influence sur le second volet, l’organisation de négociations entre les deux régions », conclut le président d’EU Brazil.