Avec les paysans du Pérou contre le libre-échange
SOS Faim | 8 octobre 2020
Avec les paysans du Pérou contre le libre-échange
En 2012, l’Union européenne a conclu un accord de libre-échange avec le Pérou, et la Colombie. L’Équateur a rejoint l’accord par la suite.
Un récent rapport montre que cette libéralisation des échanges commerciaux avec le Pérou, a des conséquences socio-économiques désastreuses pour 95% de paysannes et paysans péruviens qui voient arriver sur leurs marchés des produits alimentaires vendus à des prix avec lesquels ils ne peuvent pas rivaliser.
Sur la période 2014-2018, l’Union européenne a exporté au Pérou, plus de
26 000 tonnes de pommes de terre frites surgelées en provenance notamment de la Belgique et des Pays-Bas, soit une quantité trois fois plus grande qu’avant l’entrée en vigueur de cet accord.
Nos pommes de de terre européennes, coupées en frites, surgelées et emballées dans des sachets en plastique parcourent la moitié de la planète pour arriver dans les supermarchés péruviens où elles sont vendues moins chères que les produits locaux. Une aberration d’autant plus grande quand on sait que le Pérou est le pays d’origine de la pomme de terre qui offre la plus grande diversité de patates au monde ! Une infinie variété de pommes de terre andines, cultivées depuis des millénaires par des paysans soucieux d’en préserver toutes les diversités, est aujourd’hui menacée par l’arrivée de frites surgelées et standardisées, en provenance de l’U.E.
Ces frites européennes exportées à un moindre coût empêchent les producteurs péruviens de patates de vendre leurs propres produits sur place à un prix juste car la concurrence des pommes de terre européenne est trop forte. Résultat : les paysans péruviens ne parviennent plus à vivre de leur activité agricole.
Depuis l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange, les importations de pommes de terre transformées en provenance de l’U.E ont augmenté de plus 40% et sur la même période, le prix au kilo de la patate a baissé de 20%.
En favorisant les exportations européennes vers le Pérou, cet accord met en concurrence l’agriculture européenne, performante, industrialisée et subsidiée par la politique agricole commune (PAC) et l’agriculture péruvienne, principalement paysanne et où une grande majorité ne reçoit aucun soutien du gouvernement.
La situation pour les paysans au Pérou est précaire car ceux-ci ne bénéficient d’aucun soutien de la part du gouvernement, contrairement à l’agro-industrie qui est fortement soutenue. L’accord de libre-échange vient ainsi renforcer cette disparité et la pauvreté dans laquelle vivent déjà de nombreux paysans péruviens.
« Nous sommes plus de 2,2 millions de petits producteurs et nous avonsvu comment ces traités de libre-échange ont dévasté la sécurité alimentaire dans notre pays. Mais plus important encore, ils ont dévasté toute l’économie des petits agriculteurs familiaux». Climaco Cardenas, Président de la platefomre paysanne CONVEAGRO (Pérou)
Les grands gagnants de cet accord sont les gros producteurs agroalimentaires européens et péruviens orientés vers les exportations avec un modèle de production industrielle (agriculture intensive, monocultures, utilisation d’intrants chimiques, transport maritime et aérien de marchandises) qui entraine la dégradation de l’environnement et des ressources naturelles.
OSONS DIRE NON À CET ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE NÉFASTE !
L’accord de libre-échange est entré en vigueur à titre provisoire en 2013. La Belgique est le seul État membre de l’Union européenne à ne pas encore avoir ratifié l’accord car les parlements de la Région de Bruxelles-Capitale et de la Fédération Wallonie-Bruxelles ne l’ont toujours pas approuvé.
« On constate que cet accord de libre-échange, signé par l’Union européenne, favorise une fois de plus l’agro-industrie au détriment de l’agriculture de petite échelle et plus durable. Il faut qu’on s’interroge sur le modèle qu’on a envie de soutenir. Est-ce que cela a vraiment du sens d’envoyer des pommes de terres cultivées chez nous dans des sachets en plastique, surgelées, de l’autre côté de la planète vers un pays où la pomme de terre est déjà cultivée ? ». Eloïse De Keyser, chargée de plaidoyer chez SOS Faim
Voulez-vous que notre agriculture européennes serve à exporter des produits à bas prix aux dépens des paysans qui la produise sur place ?
Nous exigeons aujourd’hui que cet accord commercial soit revu pour garantir un développement durable et pour bénéficier à l’agriculture paysanne.
Si vous ne souhaitez pas que la Belgique ratifie cet accord commercial qui accroit la pauvreté des paysans péruviens, menace la sécurité alimentaire au Pérou et soutient une agro-industrie polluante, signez notre pétition pour demander à la Région de Bruxelles-Capitale et à la Fédération Wallonie-Bruxelles de prendre position contre l’accord !